Padre Nuestro

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Echappée de deux jeunes Mexicains dans le New-York des bas-fonds, le premier film de Christopher Zalla nous laisse sur le trottoir, servant du recyclé et des clichés avec emphase.

Juan est poursuivi dans les rues de Mexico, des billets tombent de ses poches. Il trouve refuge dans un hangar où des Mexicains s’apprêtent à immigrer clandestinement, destination New-York. Il embarque avec eux, à l’arrière d’un camion. Pendant le trajet il fait la connaissance de Pedro qui part retrouver son père, restaurateur, qu’il ne connaît pas. Il montre à Juan une lettre de sa mère, récemment décédée, attestant qu’il est bien le fils de Diego. Juan n’en demandait pas tant : pendant que Pedro dort, il se saisit de ses affaires et va se faire passer auprès de Diego pour son fils légitime, usurpant la seule identité que Pedro pouvait avoir aux Etats-Unis. Pendant ce temps-là, Pedro erre dans New York, essayant de retrouver son père, dont il n’a plus l’adresse.

Après un début de carrière principalement télévisuel (New York District et New York, Unité spéciale), Christopher Zalla ambitionne de se lancer dans le grand bain en versant dans le social caritatif. Pedro et Juan, Pierre et Jean. Héritage du père (on en veut à son argent), fils légitime ou pas, on est en plein Maupassant façon XXIe siècle, transposé dans la grande mégalopole. De la mégalopole en question, on ne voit que les rues sales, les souterrains délabrés et les appartements glauques, le lot de l’émigré, en somme. Choix assumé jusqu’au bout, certes mais rarement pertinent. La filiation, le problème d’identité, l’exil, ne trouvent, chez Zalla, qu’un écho misérabiliste assez discutable.

On est en terrain conquis, du début à la fin, l’attention sur ces personnages, ces décors, cette histoire ne semblant pas requérir autre chose que l’exercice de style d’une mise en forme sommaire. Il y a une certaine complaisance dans cette errance, ce quiproquo d’infortune, Zalla ne semblant pas vouloir pousser plus loin le potentiel narratif de ses quatre personnages principaux, n’y voyant qu’un simple prétexte à faire ses classes sur grand écran. Il semble confondre regard porté et assistance caritative. La vie manque cruellement ici, l’empathie se confondant avec la compassion ce qui peut sembler paradoxal à la vue de l’ambition du scénario, la faute sûrement à une direction d’acteurs sans imagination sauf celle que leur réalisateur veut bien leur accorder. Ils ne sont que les pions de son histoire, et c’est elle qui lui importe par-dessus tout. Inadéquation de la mise en scène avec sa trame narrative en somme. Ce genre d’intrigue demande bien plus d’humanité qu’un simple regard condescendant sur son prochain, le prenant en pitié et nous invitant à faire de même. Au milieu de ce marasme, Paola Mendoza et Jesus Ochoa s’en sortent cependant avec les honneurs.

Titre original : Padre Nuestro

Réalisateur :

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Durée : 110 mn


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