My Brother’s Wedding

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Avec ce film réalisé en 1983 et encore inédit en France, Charles Burnett poursuit en couleur son analyse de la société, de manière prémonitoire et parfaitement réaliste.

On comprend mieux comment il a pu inspirer d’ailleurs un réalisateur comme Spike Lee, car c’est un cinéma qui parvient à parler enfin avec justesse de la vie des afro-américains, loin des clichés hollywoodiens, style Sydney Poitier.

Récemment invité aux Rencontres de cinéma de Manosque, Charles Burnett a pu ainsi présenter ce film et en parler ouvertement. Nous avions eu l’occasion de voir (ou de revoir) il y a quelques mois son très beau film, Killer of sheep (1977), un film en noir et blanc somptueux qui traitait magnifiquement de la condition des Noirs dans les faubourgs de Los Angeles.

My brother’s wedding
raconte tout simplement une histoire d’amitié au sein d’une petite communauté noire dans les années 80. Pierce Mundy, un peu vitellone, vit dans sa famille et travaille dans le pressing laverie tenu par sa mère et son père, chaleureux et bien impliqués dans la communauté religieuse du quartier, notamment la mère qui recherche sa Bible, au début du film. Mais Pierce la désole un peu, car il ne suit pas tellement la voie de son frère, devenu avocat et qui va épouser une belle jeune fille noire, Sonia, dont le père, médecin, est très riche. C’est pour lui une manière d’échapper à ce ghetto auquel son frère lui paraît trop attaché.
Cette rivalité entre les deux frères, malgré la chaleur humaine qui se dégage de cette famille, incarne également une manière, pour Charles Burnett, d’aborder encore une fois les difficultés que rencontrent les Noirs en Amérique. Lorsque son ami Soldier Richards sera libéré de prison, Pierce va tout faire pour lui trouver du travail dans leur communauté, mais il est désolé de constater que personne n’en veut. Lui qui le défend toujours, ne réalise pas que Soldier est quand même assez parasite et a de mauvaises fréquentations. Lorsqu’il mourra dans un accident stupide de la circulation, Pierce cherchera lui-même des porteurs pour son cercueil. Il est de plus désolé d’apprendre que les obsèques auront lieu le même jour que le mariage tant attendu de son frère avec Sonia. Pierce est devant un dilemme : que va-t-il choisir de faire, alors qu’il est impliqué dans les deux cérémonies, puisqu’il est le témoin de son frère et porteur du cercueil ? Et si cette fable « un mariage et un enterrement » tragi-comique, se soldait en fait par un malentendu complet, conduisant Pierce à la déception sur toute la ligne ?

  

Fatalité de l’existence, protection apportée par la famille, problèmes sociaux et délinquance, drogue, amitié et fraternité, en quelque 80 minutes, Charles Burnett parvient à nous décrire une tranche de vie humaine, sans fioritures, sans pathos mais avec beaucoup d’humanité. Et ce portrait devient vite une métaphore de notre avenir. « Si on n’agit pas vite, il va se passer quelque chose, constate Charles Burnett. Le pays est au bord de la banqueroute, le système bancaire, le système des emprunts… Tout s’effondre. Et cela touche le monde entier. » Un très beau film, modeste et puissant qui marque autant que le précédent, Killer of sheep, à voir en DVD si vous ne l’avez pas vu en salle au moment de sa sortie.

Titre original : My brother's Wedding

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Durée : 80 mn


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