Munyurangabo

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Loin des films pompeux cherchant à reconstituer les moments tragiques de l´humanité, Munyurangabo nous plonge dans la réalité et ses conséquences.

Fils d’un père assassiné à l’aube d’un génocide, l’orphelin retrace la route de son exil, machette à la main.

Munyurangabo donne à voir les conséquences du génocide rwandais. Alors que la vengeance s’inscrit dans l’histoire du film de Lee Isaac Chung comme le maître mot, c’est en réalité une quête vers le pardon qui est prononcée. 

Munyurangabo et son ami Sangwa partent ensemble sur le chemin pour renouer avec leur passé. Le premier avec l’espoir de venger ses parents, le second avec l’envie de revoir sur la route la maison familiale. Mais « les Hutus et les Tutsis sont censés être ennemis », l’amitié de ces deux jeunes hommes se voit alors brouillée par le poids de la mémoire.  

Lee Isaac Chung livre ici le premier long-métrage en Kinyarwanda, langue nationale du pays. Munyurangabo est une oeuvre cinématographique aux images lumineuses de détresse où la vérité des plans rappelle l’authenticité du cinéma de Jean Rouch. La proximité entre la caméra et les acteurs interpelle le spectateur. La pauvreté des lieux ruraux, les mains des hommes au labeur, les pieds souillés, nous permettent de voir enfin, loin de quelques grotesques productions hollywoodiennes, un cinéma qui a pour seul but de montrer la réalité. En laissant reposer le film sur les épaules de comédiens qui ne sont en réalité que des orphelins ou des paysans, le réalisateur donne libre parole au Rwanda.

L’architecture des décors se substitue avec une très grande habileté aux sentiments des personnages. Ouverture puis fermeture de l’espace ; les portes s’ouvrent puis se referment dans une violence déchirante. Rejet de l’autre puis rejet du sang.

Au-delà de ces guerres ethniques, Munyurangabo nous questionne sur la façon de réinventer le pardon. Celui de l’assassin, de l’ami, de l’autre, de soi. Comme un préambule au pardon, un poème de Bamporiki E. Uwayo que Munyurangabo rencontre sur sa route, prônant la liberté. Mais, surtout, Lee Isaac Chung semble interroger le spectateur sur l’origine de ce mot. Est-ce là la vraie question du film ? Qui pardonne et qui puni? Si c’est Dieu qui punit, il ne nous restera plus alors qu’à apprendre à pardonner…

Titre original : Munyarangabo

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Durée : 93 mn


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