Mariage à l´islandaise

Article écrit par

Périple d´un jeune couple en quête de son mariage dans les landes islandaises, cette comédie, parfois inégale, n´en est pas moins savoureuse.

Suivant une tradition courante en Islande, notamment pour les habitants de Reykjavik, Inga et Bardi ont décidé de célébrer leur mariage en campagne, avant de revenir faire la fête en ville. Chacun des fiancés grimpe ainsi dans son propre bus, rejoignant sa famille et ses amis, pour se lancer dans le petit périple festif. Or, si la communication au talkie-walkie fonctionne entre les deux amoureux, la tension ne cesse de croître ; d’une part les invités, pas forcément tous bienvenus d’ailleurs, ne sont pas très disciplinés, d’autre part l’église de campagne réservée pour l’occasion demeure introuvable. Et le couple d’être au bord de la crise de nerfs…

Valdis Oskarsdottir, plus connue pour avoir participé au montage de Festen ou de Eternal Sunshine of the spotless mind, nous emmène dans un plaisant voyage au cœur des landes islandaises. Son premier film en tant que réalisatrice/scénariste ne fait en effet pas mentir sa carte de visite. Malgré une mise en place un peu longuette, il y a dans Mariage à l’islandaise l’art de raconter une histoire simple mais efficace : la montée en vrille de la bande d’hurluberlus coincée dans leur bus est crédible, d’autant que chacun a un secret en potentielle explosion, qu’il délivre au fur et à mesure que le périple périclite. Il y a aussi la patte du Dogme, où l’on filme caméra à l’épaule, dans la lumière du jour et dans le cadre des visages, pour que la réalité (sans doute) dépasse la fiction…

Néanmoins, le rythme de l’ensemble est parfois inégal et on pourrait se demander si l’efficacité mise au service de cette comédie n’aurait pas excellé dans un court-métrage plutôt qu’un long, d’autant que les personnages sont un brin caricaturaux.

Reste qu’au final la sauce prend, la bande-son couplée aux moult dérapages incongrus ne manquant ni de charme ni d’humour. Et quand on sait qu’une grande part du scénario a été laissée en improvisation aux comédiens, Mariage à l’islandaise finit bien par être savoureux. 


Mariez-vous, qu’ils disaient…

Titre original : Sveitabrúdkaup

Réalisateur :

Acteurs : , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 95 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…