London Nights

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London Nights est un film qui s’adresse aux jeunes, parle d’eux et s’attendrit… Il les montre fragiles mais bien vivants. Un regard intéressant et poétique.

London Nights ou Unmade Beds, de son titre original qui diffuse mieux cette image d’errance, d’attaches qui n’existent pas vraiment, est une sorte d’auberge espagnole pour paumés à la sauce londonienne underground.
Nous sommes tour à tour dans la situation d’Axl (Fernando Tielve – Les Fantômes de Goya, de Milos Forman, 2007), jeune Espagnol qui traîne son doux air innocent et rêveur de ville en ville, et de Véra (Deborah François, découverte dans L’Enfant de Jean-Pierre et Luc Dardenne, 2004, et plus récemment dans Le Premier jour du reste de ta vie, de Rémy Bezançon, 2008), jeune Française rêveuse et solitaire… Leurs personnages ne cessent de se croiser sans le savoir, à travers des objets (un échange de matelas, une photo trouvée dans une veste…), dans un squat où d’autres jeunes promènent aussi leurs doutes tout en essayant de mener leur barque au fil de journées et de nuits rythmées par la musique – un des seuls repères dans ce monde incertain.

L’une fuit, l’autre cherche. Ils ne regardent pas dans la même direction, mais leur fragilité, leurs idéaux rassemblent ces deux êtres spleenétiques. Nous ne sommes donc pas surpris de les voir se rencontrer à la fin du film, sur fond de soirée déjantée, où l’identité de chacun est plus trouble que jamais lors de cette nuit déguisée, chantée, dansée, hors du temps.

A Londres, ville cosmopolite par excellence, tous deux cherchent à donner un sens à leur vie : l’une en partant loin de son petit ami qu’elle essaie d’oublier, l’autre en venant trouver son père biologique. Et tous deux de s’inventer une nouvelle identité, ou tout du moins de ne jamais dévoiler complètement qui ils sont : elle, lorsqu’elle rencontre par hasard ce jeune homme dans un bar (Michiel Huisman) et qu’elle continue de le voir alors qu’elle ne sait rien de lui, pas même son nom, et réciproquement ; lui en se faisant passer pour un étudiant en commerce pour approcher son père, avec qui il pense être intime au fond de lui-même, alors qu’il ne le connaît pas.

London nights ne traduit pas seulement la solitude et la perte de repères de jeunes gens en recherche d’identité. Axl et Véra fréquentent les mêmes lieux, rencontrent d’autres personnes, font la fête et ne sont seuls que dans leurs pensées. Finalement, il s’agit surtout d’un film intimiste, où nous sommes parfois plongés dans les pensées de nos deux personnages, grâce à des séquences photos qui traduiraient en quelque sorte la manière dont on garde certains souvenirs en mémoire. La volonté du réalisateur Alexis Dos Santos de filmer les séquences silencieuses des pensées des deux acteurs principaux en 8mm a pour effet de renforcer le caractère intime de ces moments. Cette technique permet également d’entretenir une relation de proximité avec les personnages, notamment par le biais des nombreux plans serrés de visages, qui nous immiscent complètement dans l’intimité des personnes concernées.

Dans cet univers jeune, post adolescent, la musique tient une place extrêmement importante, elle est partie intégrante de la vie et de la personnalité de chacun, qui se forme aussi à travers ses expériences musicales. Selon le réalisateur, la musique « met en forme, réveille les émotions, nous transporte ailleurs et change notre état d’esprit ». Dans London Nights, la musique, éclectique, est présente dans les bars rock où des groupes jouent en live, dans les scènes de soirées, mais souvent aussi lorsque les personnages l’écoutent sur leur mp3 ou leur Ipod.


London Nights
est un film qui nous promène dans un décor underground où le présent n’est pas vraiment tourné vers le futur, mais plutôt vers un passé qui a toute son importance, qui explique les actes des personnages, incertains, qui doutent, et qui pourtant savent de manière si certaine profiter de leur jeunesse, de chaque minute qui passe en rencontrant des gens, en faisant la fête sans même un regard pour le temps qui s’écoule… Le réalisateur non plus, peut-être ; c’est pourquoi l’on remarque quelques longueurs parfois, qui peuvent être ennuyeuses. Mais le film reste un hymne à la jeunesse, pour sûr.

Titre original : Unmade Beds

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Durée : 95 mn


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