Josh Trank s’était fait connaître avec le très bon Chronicle (2012), une des rares réussites de found footage, où il entremêlait mélodrame adolescent, film de super-héros et même japanimation avec son final sous influence Akira. Josh Trank rajeunit ici les personnages afin de prolonger les thèmes de son premier film avec ses post-adolescents de génie qui vont voir leur destin bouleversé par une expérience scientifique. La première partie est remarquable, Trank se montrant fidèle tout en modernisant intelligemment l’univers des comics – l’exposition au rayons cosmique laisse sa place au voyage transdimensionnel pour les origines. On alterne ainsi avec une imagerie banlieusarde bleutée et fantastique des productions Amblin (tout le début sur les premières expériences de Red Richards) et de hard science donnant un côté plus sombre et presque horrifique à la découverte des pouvoirs par les héros. Miles Teller (révélation de The Spectacular Now (2014) et Whiplash (2014)) est remarquable en scientifique ingénu et déterminé et le reste du casting répond bien au canon des personnages tout en étant revisités par Josh Trank. Cela fonctionne vraiment bien et on croit enfin voir l’adaptation rêvée durant la première heure.
Les tensions ayant fuité entre Josh Trank et la Fox gâchent malheureusement la suite. Le studio et sa gestion chaotique des blockbusters avaient constitué un catalogue catastrophique pour les années 2000, qui s’était répercuté justement sur la première version ou certaines suite et/ou déclinaison des X-Men (X-Men 3 (2011) ou Wolverine (2013)). Ici, il semble retomber dans ses travers interventionnistes et mercantiles tant la seconde heure est ratée. Les enjeux se diluent avec l’arrivée tardive et ratée du méchant, un gros ventre mou à mi-parcours et un final spectaculaire expédié. De même, l’interaction des personnages se fait dans une urgence (la relation entre Red et Ben si bien amenée parait inaboutie, le sort du mentor Frank Storm est anecdotique…) sentant le compromis et l’ensemble ne semble jamais dépasser le stade de l’introduction inaboutie. On devine les changements de direction déviant de l’option initiale, le côté sombre et intimiste cédant à une pyrotechnie vu et revue ailleurs, comme si le studio avait craint d’assumer l’approche de Josh Trank. Un vrai gâchis au vu des promesses initiales, qui condamne les Fantastic Four à un nouveau purgatoire cinématographique – à moins d’un succès inespéré.