L’attente des femmes (Kvinnors väntan)

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Tiré de l’une de ses pièces de théâtre « Rachel et l’ouvreuse de cinéma », L’Attente des femmes est un condensé de plusieurs thématiques autour du couple, via différentes histoires racontées. Si Bergman inscrit le temps de la remémoration comme principe moteur au développement de ses réflexions, il en souligne la persistance par la trajectoire […]

Tiré de l’une de ses pièces de théâtre « Rachel et l’ouvreuse de cinéma », L’Attente des femmes est un condensé de plusieurs thématiques autour du couple, via différentes histoires racontées. Si Bergman inscrit le temps de la remémoration comme principe moteur au développement de ses réflexions, il en souligne la persistance par la trajectoire plus ou moins commune des femmes qui se livrent au jeu des confidences.
En vacances dans une maison de campagne, quatre femmes attendent leurs maris et discutent autour de la table du salon. Les belles-sœurs se mettent ainsi à philosopher sur leur couple et la vie, lorsque l’une d’entre elle se confie.

Structure à trois voix (une des belles sœurs ne racontera rien, sauf l’ennui qui la taraude) qui condense une série de thèmes par des flash-back successifs, Bergman invite le spectateur dans la confidence de ces dames. Comme chacune d’entre elle, nous écoutons le récit prendre forme sous nos yeux et devinons les frustrations, comme les espérances, façonner leur existence. Sorte de partition qui impose un thème par histoire, L’Attente des femmes démontre la faculté du cinéaste à jouer de la psychologie en étirant le temps, sans perdre l’instant dans lequel nous nous trouvons. Si nous assistons aux histoires, notre attention reste focalisée sur cette soirée de confidences. Encore une fois le passé et le présent se répondent et donnent au film une « profondeur dynamique ».

L’utilisation du regard multiple par succession de voix qui en dictent l’action, n’est pas incompatible avec la fluidité d’un propos visant essentiellement à développer certains thèmes. Chaque confidence en sera le ressort dramaturgique et nous écouterons / verrons trois histoires de femmes. Force du cinéma bergmanien, la femme est au coeur de l’action ; par leur remémoration, elles dictent une vision personnelle, ressentie et profonde, qui analyse le rapport homme – femme. Si elles paraissent au départ effacées, elles sont en réalité parfaitement conscientes de leur statut et l’acceptent avec philosophie. Personnages souvent plus fortes et plus lucides que les hommes, elles sont naturellement le point d’encrage d’un auteur qui voit en elles la complexité de l’existence.

Entre la confidence qui traite de la solitude (partie avec Rakel), celle qui associe les concepts de mort et de vie au moment de l’accouchement de Martha et celle qui montre l’usure du couple (l’aînée Karin) au cours d’une scène dans un ascenseur, Bergman répond par la décision de Maj, petite sœur de Martha, de s’enfuir en bateau avec son amoureux.

Titre original : Kvinnors väntan

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Durée : 92 mn


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