Last Night

Article écrit par

L´adultère chez les bobos New-Yorkais, avec Guillaume Canet en guest. Aussi vain et rebattu qu´on le craignait.

Voyons : prenons un sujet de cinéma très balisé, une ville mythique aux intérieurs luxurieux, un scénario troussé pour tout résoudre en une seule nuit et quatre beaux comédiens, puis faisons un film. Last Night donc, première réalisation de la scénariste Massy Tadjedin, est un drame « domestique », où la solidité d’un couple (Keira Knightley et Sam Worthington) est mise à l’épreuve par deux dangereuses créatures. Du côté de la femme, c’est l’ancien amant frenchie (Guillaume Canet, très bien) qui réapparait au détour d’une rue, et de l’autre la jolie collègue (Eva Mendes) du mari qui contribue à transformer un voyage d’affaire à Philadelphie en traquenard.

La longue séquence introductive, plutôt prometteuse, d’une soirée professionnelle, pose les éléments majeurs de l’intrigue. Les dialogues sont de prime abords plutôt fins, et la découverte de la tentatrice par l’épouse est amusante. Le mari sait qu’il est désormais surveillé, la femme sait qu’il en désire une autre, et la tentatrice sait ce qu’elle veut. Soit.

Hélas, dès que le couple est séparé (voyage d’affaires du mari donc), le montage parallèle divise littéralement les récits, et nous assistons à la création de deux mini-films, censés se répondre l’un et l’autre, par la grâce d’un argument aussi plat que finalement bien réac : coucheront ou coucheront t’ils pas ? Qui trompera l’autre le premier ? C’est franchement bien dommage que l’intrigue soit tenue par un fil scénaristique si bas du front. Ainsi, les comédiens, armés de répliques en carton pâte, engagés dans  l’échange de longs regards langoureux, tâchent de combler l’heure nécessaire entre l’introduction et le climax d’1H15.

C’est rageant évidemment, et on s’ennuie ferme, surtout quand on pense à un film comme Everyone Else, qui à récemment prouvé qu’il était encore possible d’aborder la question du couple, et même de l’amour, de manière incisive et habitée, et qui lui, n’a pas eu le privilège d’être distribué avec autant de ferveur ! Mais le plus irritant en définitive, c’est que Last Night appartient à cette catégorie de films dramatiques, pudiques (soi-disant), et bobo-chic, aussi peu dérangeants que vite oublié, mais qui abondent sur les écrans. Si on n’y prend pas garde, ce genre de produit, à l’écrin aussi alléchant que son contenu est vide, nous ferait presque oublier qu’il n’y a là-dedans pas la moindre promesse de cinéma.
 

Titre original : Last Night

Réalisateur :

Acteurs : , , ,

Année :

Genre :

Durée : 92 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…