La Légende de Beowulf

Article écrit par

Porté déjà une fois à l’écran avec Christophe Lambert dans le rôle titre, le personnage de Beowulf méritait une adaptation de l’envergure du monde des Vikings avec sa cohorte de monstres et de héros. Et quoi de mieux que d’utiliser la « Motion capture » pour se détacher des contingences des films dits « classiques […]

Porté déjà une fois à l’écran avec Christophe Lambert dans le rôle titre, le personnage de Beowulf méritait une adaptation de l’envergure du monde des Vikings avec sa cohorte de monstres et de héros. Et quoi de mieux que d’utiliser la « Motion capture » pour se détacher des contingences des films dits « classiques », afin de placer l’acteur au centre du dispositif filmique et de le faire agir dans un espace tridimensionnel abstrait. De cette fine limite entre l’acteur de chair et d’os et sa transposition au sein de l’univers informatique, Robert Zemeckis, talentueux faiseur de rêves, entend bien révolutionner le cinéma pour un imaginaire total. Le résultat n’en est que plus décevant.

Depuis son Pole Express fonctionnant lui aussi avec la « Motion Capture », Robert Zemeckis a cru trouver la formule idéale pour aborder cette histoire au souffle épique nous rappelant l’âge d’or de Conan le barbare. Mais les intentions ne suffisent pas toujours, et, passée une scène d’introduction assez fluide, un seul mouvement de caméra définira les unités d’espace et de temps, le spectateur attendra avec impatience que l’engoncement numérisé des personnages à l’écran se brise pour enfin donner un rythme à cette aventure se voulant palpitante.

Le verdict est dur mais lucide : le réalisateur a beau enchaîner les séquences de bravoure, la sauce ne prend pas, et plus le film avance et plus l’impression se confirme que nous sommes face à un nanar involontaire. La virilité de Beowulf fait passer Schwarzenegger pour un poète, le monstre Grendel ressemble à un vomi numérique, et la caméra de Zemeckis semble paralysée par ce manque de « chair » à filmer.

Résultat : on se moque des péripéties du héros et on se demande comment personne n’a pu remarquer à quel point l’entreprise était catastrophique. La légende de Beowulf n’est pas un mauvais film, il est simplement raté. Mais dans les grandes largeurs.

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…