Joseph L. Mankiewicz

Article écrit par

A l´occasion de la rétrospective de son œuvre organisée par la Cinémathèque française, ce Coin du cinéphile est consacré à Joseph L. Mankiewicz.

Joseph L. Mankiewicz est certainement (avec Albert Lewin) le plus érudit, lettré et sophistiqué des réalisateurs de l’âge d’or hollywoodien. Son penchant pour les mots lui vaudra parfois une réputation justifiée de réalisateur d’inspiration théâtrale. Loin d’être un défaut dans son cas, cette facette allie des dialogues subtils et percutants à une mise en scène capable de s’en passer et d’exprimer les concepts les plus complexes par la seule force des images. C’est cette capacité qui permit à Mankiewicz de réaliser certains des films les plus populaires et primés de son temps. Des thèmes comme la lutte des classes, l’ambition, la manipulation ont été traités avec une finesse rarement égalée depuis.

Pour ce Coin du cinéphile, quatre chef-d’œuvres du réalisateur se verront analysés à travers la figure du flashback, motif récurrent ayant cours dans  Eve (1950),  La Comtesse aux pieds nus (1954), Soudain l’été dernier (1959) et Chaînes conjugales (1949). Par ailleurs L’Aventure de Madame Muir (1947) et Le Château du dragon (1946) dévoileront un penchant romanesque et fantastique étonnant chez Mankiewicz, tout en conservant sa rigueur thématique. Le cynisme et le pessimisme traversant son œuvre s’exprimeront à plein dans le sommet L’Affaire Cicéron (1952) et Le Reptile (1970) tandis que l’adaptation du Jules Cesar (1953) de Shakespeare illustrera ses penchants intellectuels et que sa Cléopâtre (1963)  restera dans les annales du péplum hollywoodien. Enfin, le pouvoir de fascination de son ultime œuvre, Le Limier (1972), demeure encore aujourd’hui intact à travers le brillant duel entre Laurence Olivier et Michael Caine.

Bonne lecture !

Une scène de Eve (All About Eve, 1950)

Réalisateur :


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…