Holly | Pas si ordinaire
Holly est l’histoire simple d’une jeune fille dont on ne sait pas si elle a des pouvoirs extraordinaires de guérison. Le récit commence avec ce personnage introverti qui, loin des autres, ne se lie d’amitié qu’avec un garçon « différent » comme elle, et son chien. Grâce à sa professeure, elle est capable de communiquer avec les autres. La particularité du film réside en ce que Fien Troch nous parle plus de l’hypocrisie « ordinaire » des gens que de l’histoire extraordinaire de Holly. Car Holly est secrètement heureuse lorsqu’elle se rend compte que les gens pensent que sa foi en son don est bonne pour eux, alors qu’elle ne la revendique pas, et qu’elle en gagne de l’argent alors qu’elle ne le demande pas. Même si elle n’a pas de mauvaises
intentions, elle persiste dans cette situation afin de sauver sa vie et celle de sa famille.
Le deuxième personnage principal est la professeure. Bien que cette dernière semble être une personne bien intentionnée qui essaie d’aider Holly au début, son vrai visage se révèle au fil du temps. En fait, elle ne s’intéresse à Holly que pour attirer l’attention des autres, et lorsqu’elle ne trouve pas ce qu’elle attend, elle devient mauvaise.
Destruction des croyants
À travers l’histoire de Holly, la cinéaste nous parle ainsi de notre aspect le plus humain : notre besoin de croire. Le film nous montre que ce besoin lui-même est plus important que la chose qui le comblera. Car l’homme a le pouvoir de créer la croyance qu’il veut pour satisfaire ce besoin. Dès qu’il croit qu’une chose est sacrée, toute condition, tout événement, se transforme en une situation qui confirme sa croyance. C’est l’aspect le plus dangereux du phénomène du dogme, qui mène à des situations difficiles pour soi et son entourage.
Il s’agit d’une croyance fanatique en un quelconque caractère sacré d’un sujet. Cette situation nocive aide les croyants à survivre. Mais si, par contre, l’objet de la croyance est une personne, comme elle l’est ici (une adolescente qui ne s’est pas encore trouvée) le croyant risque de détruire la personne en laquelle il place sa foi. Ce qui peut mener, en l’occurrence, à une tragédie. Et de même que cette croyance naît du croyant et non de l’objet auquel il croit, de même la destruction de la croyance ou du croyant dépend du croyant lui-même. Et tout comme la croyance initiale est exagérée, la destruction de cette croyance, son impact, est tout aussi exagérée.
Un film comme son personnage principal
Ainsi, Fien Troch dépeint subtilement l’hypocrisie des individus, de leur besoin de croire, de leur fanatisme et de ses effets sur la vie d’une jeune fille, sans nous l’exposer explicitement. Il n’y a pas besoin de dialogues explicites, car les personnages se racontent à travers leur regard, leur comportement, le ton de leur voix, bref, au travers de leurs jeux. Un jeu faisant ressortir avant tout l’aspect humain de leur personnage, leur complexité intérieure et leur ambiguïté.
C’est là que réside l’une des plus grandes forces du film. Holly traite de toutes ces questions avec beaucoup de délicatesse et nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui vit une adolescence unique. Et s’il faut bien lui reconnaître quelques lacunes scénaristiques, le film est une œuvre réussie, notamment du fait de sa sincérité et de sa simplicité esthétique.