Exposition Sergio Léone, Cinémathèque Française (10.10.2018>27.01.2019)

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Tout simplement indispensable !

Après avoir célébré Martin Scorsese il y a deux ans, la Cinémathèque française rend aujourd’hui hommage de la plus belle plus manière qui soit à un autre réalisateur mythique, Sergio Leone. Organisé en cinq univers, du Citoyen du cinéma à Leningrad et après, le parcours nous fait découvrir pas à pas la construction d’une œuvre qui n’a jamais cessé de fasciner le public et d’inspirer des grands maîtres du septième art, à l’instar d’un Quentin Tarantino. D’une grande richesse iconographique, agrémentée d’une vaste palette de sensations et d’émotions, l’exposition qui se tient jusqu’au 27 janvier 2019 est un moment incontournable pour tous les amoureux du cinéma.

Le temps au temps

Sergio Leone est tout d’abord un artisan du cinéma. Ce n’est qu’après un long apprentissage de quatorze ans, comme assistant, que l’homme se lance dans sa première réalisation, Le colosse de Rhodes (1961). La soif d’apprendre et comprendre, de nourrir son regard de références cinématographiques, picturales et littéraires, constitue le fil d’Ariane du travail du réalisateur italien. Avec un grand sens du détail, mais jamais surchargée, l’exposition met l’accent sur la facette culturelle d’une œuvre, dont on a tendance à louer plus communément la dimension spectaculaire et la maîtrise technique.

La représentation du temps est un leitmotiv, une obsession. Le laboratoire Leone, où l’on assiste à l’arrivée en gare de Il était une fois dans l’ouest (1968) nous offre une expérience de dilatation temporelle en trois dimensions. Les héros léoninens regardent constamment en arrière ; le temps des illusions et des regrets. Un constat d’échec personnel, mais surtout celui d’un rêve américain qui a distribué si peu de cartes gagnantes.

En immersion

La scénographie est ici au service de l’émotion. Une sensibilité que l’homme a commencé à révéler au grand public après la trilogie du dollar. Le quartier de son enfance, les objets personnels, dont un cadeau touchant de Robert DeNiro, l’humour et l’humilité de ce grand monsieur ne peuvent que nous toucher. Inutile de préciser que le lyrisme de son ami et fidèle compositeur Ennio Morricone nous accompagne en permanence dans cette superbe balade. L’acmé du parcours débute par la porte d’entrée dans l’univers de Il était une fois en Amérique (1984),chef d’œuvre de la filmographie, pour lequel les maîtres d’œuvre de  l’exposition se sont également surpassés.

Bonne exposition à tous ! Rendez-vous également sur notre Coin du Cinéphile consacré à Monsieur Sergio Leone.

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