On a du mal à voir ce qui a pu séduire Wenders dans le scénario de Bjørn Olaf Johannessen, scénariste croisé il y a quelques années à Sundance et à qui le cinéaste avait demandé de lui envoyer son prochain texte. Tout y est ampoulé, affecté et sans la moindre nuance. Wim Wenders nous révèle dans le dossier de presse que dans l’exploitation de ce drame, en brodant autour du motif de la culpabilité, il illustre avant tout le rapport entre réalité et création – et les affres qui s’y affèrent. Si l’interrogation de l’appropriation de la tragédie d’autrui dans l’art est, de fait, passionnante, il aurait fallu la mettre au service d’un script bien mieux dessiné, plus solidement construit. Au lieu de quoi Wenders enfile les perles, alignant les scènes et les ellipses comme autant de passages obligés sans jamais témoigner ni de l’ambiguïté qui présidait dans Paris, Texas (1984), ni de l’extrême délicatesse dont il faisait preuve dans Les Ailes du désir (1987) ou, plus récemment, Land of Plenty (2004).
Et la 3D ? Difficile, là encore, de ne pas être circonspect quant à son usage. Là où elle magnifiait la danse de Pina Bausch dans Pina (2011), elle semble ici participer plus d’un caprice de réalisateur, d’une volonté de faire beau et d’ajouter de la profondeur de champ en toute circonstance. Wim Wenders s’en amuse beaucoup, jouant des différentes valeurs de plans jusqu’à l’overdose. Pas une image fixe dans Everything Will Be Fine, mais un mouvement permanent – même léger – qui confine à l’ivresse : zooms avant et arrière perpétuels, quoique quasi imperceptibles, donnent au film une impression de flottement plus désagréable qu’autre chose. Il y a, évidemment, une composition très soignée, une attention véritable, aux objets notamment, qu’on ne peut pas nier. Au milieu de l’ennui poli que dégage le film, reste la joliesse d’une fenêtre ouverte, d’une brise qui fait gonfler les rideaux, d’un rayon de soleil dans lequel on voit danser la poussière.