« Cette guerre entre deux confessions est universelle. Elle pourrait tout aussi bien se dérouler entre sunnites et chiites, entre noirs et blancs, … » (1)
Bienvenue à Marseille, donc, où l’agitation bat son plein devant l’installation en plein air de la « salle » de télévision commune. Cela dit, difficile de chercher le signal avec sérénité l’antenne à la main quand on risque de voir son pied voler en éclats au moindre faux pas. Dans ce village-ci, la promenade n’est jamais de santé. Une différence de taille entre ce Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki, et la série Plus belle la vie de France 3… Ambiance bon enfant aidant, pourtant, on s’y croirait presque. Serait-ce la romance tarte à la crème – mais contrariée –, type « ils se virent, ils s’aimèrent », liant la tenancière chrétienne du café avec son ouvrier musulman ? Le manque flagrant de profondeur des personnages, tous cantonnés, sans exception, au rang de seconds rôles fort sympathiques ? L’atmosphère, conviviale, familière et chaleureuse, malgré les joies et les peines ? Son drame final prévisible dès la première demi-heure du film ?
« Ma chérie, tu reverras la vierge demain. »
Au final, toutes les audaces formelles de Nadine Labaki apparaissent injustement simplettes et platement mignonnes au regard du seul défi véritablement hardi qu’elle s’est lancé : réaliser une comédie absurde inspirée de la guerre civile au Liban. Ce pari là est d’autant plus réussi que la conclusion de Et maintenant on va où ? se révèle véritablement astucieuse… On rit de bon cœur à la spontanéité de certaines répliques bien placées ou carrément inattendues lancées par quelques personnages féminins, certes caricaturaux mais relevés, au potentiel burlesque probablement assez salé pour tenir un rôle récurrent dans une bande dessinée, au même titre que le maire du village, plutôt gratiné. Un petit village qui se serait bien passé des effets de style de midinette imposés par une Nadine Labaki maladroitement zélée.
(1) Entretien avec Nadine Labaki, dossier de presse, p5.
(2) Confère le formidable dessin animé Astérix et Cléopâtre (1968).