Echappées belles

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Les échappées belles du grand Lavant.

Denis Lavant est une figure incontournable – bien que peu médiatisée – du cinéma français qui s’est imposé pour son talent immense et son génie. Qu’on l’aime on pas, il faut quand même compter avec lui, tout comme il a compté pour nombre de réalisateurs, devenant presque une icône de ce que le cinéma a fait de mieux ces dernières décennies, à commencer par cet autre monstre sacré, Leos Carax anagramme d’Alex et d’Oscar (le Prix légendaire du cinéma américain), qui a contribué le premier à le faire connaître. Denis Lavant est devenu donc l’un des acteurs les plus singuliers du théâtre et du cinéma français. Dans ce formidable autoportrait, il évoque de manière sincère et généreuse celles et ceux qui ont le plus compté dans son parcours : Antoine Vitez et Leos Carax bien sûr, Bernard Sobel et Claire Denis, Louis-Ferdinand Céline sans oublier Samuel Beckett. Il rend hommage aux Enfants du Paradis, à Charlie Chaplin et au mime Marceau qui lui a tant apporté, à Pasolini et à Rimbaud. Inoubliable interprète des Amants du Pont-Neuf et Holy Motors. Remarquable lecteur, Denis Lavant est aussi un acteur très physique, fasciné par le cirque et les arts de la rue. Qui l’a vu comme moi dans un texte de Bernard-Marie Koltès, La nuit juste avant les forêts, seul en scène au théâtre des Abbesses, ne l’oubliera jamais, jamais. On a pu le comparer à Rimbaud, à un clochard céleste aussi. Rien à faire, à lire ce récit autobiographique imagé, vivant et vibrant, on se dit qu’il ne peut y avoir d’équivalent. Leos Carax l’avait bien vu, en l’engageant dans tous ses films, Denis Lavant est l’Acteur dans toute sa grandeur. Un livre à découvrir de toute urgence, dès le 3 septembre dans toutes les bonnes librairies.

« Au cours de ce tournage dément des Amants du Pont-Neuf, j’ai été amené à comprendre que le travail du comédien de cinéma dans l’approche d’un personnage en crise, consistait vraiment à altérer quelque chose en soi, physiquement ou psychiquement, à se dégrader, prendre le risque même de se blesser, perdre ses repères professionnels, sociaux, familiaux pour penser atteindre à quelque chose de l’ordre du vécu. Et cela uniquement pour tenter de rendre plus authentique une simple fiction. Il s’agissait alors d’endurer tout désagrément et inconfort ne serait-ce que pour pouvoir légitimement en parler. »

 

Denis Lavant. Echappées belles. Les Impressions nouvelles. Bruxelles, 2020. En librairie le 3 septembre 2020. 17 euros.

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