Divorces

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Un couple d’avocats spécialisés dans le divorce se retrouve à son tour confronté au problème. Enfoncer des portes ouvertes, appliquer des vieilles recettes sont au programme de cette comédie consensuelle.

Belle Maman, Mariages, De l’autre côté du lit… La liste est longue, Divorces vient la compléter. Tous ces films ont en commun de jouer la carte de « l’humour à la française » – celui où l’on récite des répliques archi-écrites à une vitesse record – et d’exploiter les failles laissées ouvertes par la relation de couple.

Ces fameux « dialogues-mitraillettes » (selon les dires de Valérie Guignabolet) ont l’avantage de laisser planer le doute : dans les moments où les mots d’esprit prennent une tournure pour le moins douteuse, une autre réplique fuse sans qu’on ait vraiment eu le temps de comprendre s’il s’agissait de misogynie facile, de vulgarité moderne ou de manque d’inspiration flagrant. Peut-être tout cela à la fois, à vrai dire. Ainsi, les métaphores sur le ramonage de la cheminée n’ayant lieu qu’une à deux fois par an – ce que l’on reproche à Monsieur – ou sur le fait que cette même cheminée soit en réalité bouchée – ce que l’on reproche à Madame. Tout cela n’évoque qu’une chose : un débat gnangnan sur l’égalité des sexes.

A ce petit jeu, la réalistrice se perd. Ainsi, l’acharnement dont fait preuve Madame pour se venger. La vision de cette femme soumise, dévouée, tranquille et aveugle d’abord, puis hargneuse et castratrice dès lors que son mari commet l’irréparable, l’hérésie, le parjure de la tromper (l’adultère ayant une fâcheuse tendance à être perçu comme le plus répréhensible des crimes de nos jours) est plutôt déconcertante. D’abord, l’expulsion du domicile, puis l’interdiction de voir ses enfants (un week-end sur deux, à vrai dire) et, cerise sur le gâteau, le licenciement (le couple travaillant ensemble jusque-là, elle le chasse de leur cabinet d’avocats et lui reprend l’intégralité des dossiers).

Pour une comédie légère, cela fait beaucoup et agaçe même pas mal, tant féminisme semble ici rimer avec domination totale de l’autre, vengeance et prise de pouvoir (qui, au passage, n’était pas du tout désirée avant l’écart de conduite de Monsieur). On retiendra tout de même quelques bon moments d’hystérie avortée (l’hystérie n’ayant pas vraiment place dans la comédie de boulevard à la française), le partage des biens à la tronçonneuse et le moment où elle simule une agression de son conjoint afin que les voisins puissent l’entendre. Sourires rares et parsemés dans un tourbillon de déjà-vu made in France.

Titre original : Divorces

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Durée : 80 mn


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