Los-Angeles, fin des années quatre-vingt, à mille lieux de la vision glamour associée à la cité qui a donné naissance au grand Hollywood, Colors braque son regard sur la vague de criminalités perpétuée par les plus de sept-cent gang qui se disputent la moindre parcelle des territoire. Pour tenter d’endiguer ce fléau, deux brigades anti-criminelles sont sur le pied de guerre. Officiers de policier de l’une d’entre elles, la CRASH, Bob Hodges (Robert Duvall), proche de la quille, et Danny McGavin (Sean Penn), patrouillent les rues, dotés d’une vision « légèrement » différente du maintien de l’ordre. Opposition classique entre le vieux loup sage et le jeune roquet dopé à la testostérone. L’arme fatale (Richard Donner), une année plus tôt en avait fait une recette bourrée d’humour et d’explosions. Ici, le ton est beaucoup plus sobre et sombre. Robert Duvall dont la finesse et la justesse de jeu font comme toujours merveille et un Sean Penn plus nature que vrai dans la peau d’un flic aux méthodes expéditives, donnent le la.
Très probablement inspiré par Les Flics ne dorment pas la nuit (Richard Fleischer, 1972), Dennis Hopper s’attache à l’humanité de ces deux Don Quichotte qui luttent contre des vagues incessantes de délits : trafic de drogue, assassinats… Photographe par ailleurs, Hooper enrichie cette balade sauvage par un portrait de la ville, loin des clichés manichéens habituels des zones de non-droit et de leurs populations. Ces deux dimensions n’ont rien perdu de leur force avec les années, ce qui n’est pas forcément le cas du récit initiatique et ses leçons de vie, que les multiples séries policières, ou des longs métrages autrement plus violents comme Training Day (Antoine Fuqua) ont usé jusqu’à la corde. Comme chez Spike Lee, qui explore le même territoire, Hopper, s’appuie sur une bande-son aux accents de Soul et de Rap pour prendre le pouls des rues en surchauffe. Sans être une œuvre incontournable, Colors témoigne avec force d’une époque, tant au niveau social, que dans le changement de paradigme dans sa représentation écranique. Comme le fera La Haine de Mathieu Kassovitz, en France, quelques années plus tard, les regards changent.
Colors (Version longue non censurée) sortie Blu-ray chez BQHL.





