Bardot

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La vie de celle qui fut adulée, puis détestée et à qui Gainsbarre avait dédié sa plus belle chanson, « Initiales BB »…

Initiales BB

Ce très beau documentaire s’appelle tout simplement Bardot mais il aurait pu s’appeler aussi bien Initiales BB de la chanson que Gainsbourg lui avait dédiée et qu’elle avait interprétée avec le succès que l’on sait. On ne présente plus Brigitte Bardot qui, dès les années cinquante, a commencé à faire du cinéma, à bousculer les codes, les médias et la culture et à devenir une icône internationale au même titre que Marilyn Monroe avec laquelle elle a beaucoup de points communs, notamment dans cette gloire qui la fit tant souffrir et qu’on réalise dans le très beau film qu’a réalisé Louis Malle en 1962, Vie Privée, presque parallèlement au Mépris de Jean-Luc Godard en 1963. Dans les deux films, on voit une BB, sex-symbol, malheureuse et pourchassée, si bien que, dans les années 1970, à la différence de Marilyn Monroe qui en est morte, elle quittera définitivement le cinéma pour se consacrer aux animaux et ne mâchant pas ses mots pour dénoncer la cruauté et le cynisme du genre humain.

Trois parties

C’est ce chemin que retrace le film qui se décompose en trois parties : l’enfance, l’adolescence et les débuts de cette jeune fille de la haute bourgeoisie parisienne, élevée à la dure par des parents très stricts qui auraient aimé une vie différente pour cette jeune fille qui va défrayer la chronique et au-delà. Ensuite, on suit sa carrière cinématographique, ses succès et ses peines et, enfin, son abandon définitif du cinéma, sa retraite dans sa villa de Saint-Tropez entourée d’animaux fidèles et la création de sa Fondation qui est sa fierté et qui a fait énormément pour la sauvegarde des animaux, à commencer – dès les années 1970, alors que personne ne parlait d’écologie – pour le sauvetage des bébés phoques. Le film se termine d’ailleurs par la longue liste des lois et décrets que sa fondation a réussi à faire voter en France et dans le monde, et le tout est entrecoupé d’entretiens avec des personnes qui ont étudié le phénomène Bardot comme Brigitte Rollet, historienne du cinéma, des proches et amies, ou encore des anciens maris et amants comme Allain Bougrain-Dubourg ou Bernard D’Ormale et des stars qui reconnaissent son talent et son mérite comme Naomi Campbel ou encore Marina Abramović et Stella McCartney.

Un montage efficace

Ce qui ressort du film d’une heure trente environ, c’est son montage et l’alternance entre magnifiques photos, entretiens divers et passionnants, et images d’archives, mais surtout l’image protéiforme qui ressort du l’icône, à son corps défendant, de Brigitte Bardot : son franc-parler, son anticonformisme, son intelligence, sa ténacité et sa capacité de concentration et de résistance. D’où cette similitude encore une fois avec Marilyn Monroe que les médias et le public ont voulu cantonner au rôle de « ravissante idiote », car BB (comme on disait alors) est tout sauf idiote bien sûr même elle a volontairement voulu en jouer pour brouiller les pistes.

Et puis BB est là, présente et vivante…

Et puis, elle est là, presque tout le temps dans le film car les deux réalisateurs ont insisté auprès de la production pour qu’elle soit vraiment présente et elle l’est dans toute sa force et son talent. C’est ce que confie Nicolas Bary, l’un des auteurs et concepteurs du film (mais pas réalisateur) dans le dossier de presse : « [La présence de Brigitte Bardot ]était l’une des conditions de départ pour le film. Il y a déjà eu beaucoup de documentaires sur Bardot. Nous voulions nous différencier des autres grâce à sa participation… Nous voulions lui donner la parole à la veille de ses 90 ans et je dois dire qu’elle s’est prise au jeu ! Depuis des années, Brigitte refuse souvent de participer à des interviews : ça l’ennuie, elle se sent agressée, envahie. Là, elle était partante, d’autant que nous avons aussi tourné avec une bonne quarantaine d’intervenants dont certains ont compté dans sa vie. Ces gens lui ont fait des retours sur la manière dont nous avions travaillé… » Et, dans ce même entretien, Elora Thevenet, quant à elle autrice et coréalisatrice ajoute : « Lors de notre dernier entretien avec elle, qui s’est déroulé cette année, nous avons abordé des sujets sur lesquels elle ne s’était encore jamais exprimée. C’est précieux et intime. C’est aussi sans filtre et sincère. Brigitte est la seule célébrité qui répond personnellement à toutes les lettres qu’elle reçoit, car leurs expéditeurs lui demandent de l’aide. En revanche, elle ne répond plus à ce qui relève de l’ordre personnel. Pourtant, cette fois-ci, elle nous a répondu, et c’est unique d’écouter celle qui avait pourtant décidé de garder le silence pour ne parler que de la cause animale. « Je m’en fous que l’on se souvienne de moi, ce que je voudrais surtout, c’est qu’on se souvienne du respect que l’on doit aux animaux. » Elle a accepté de nous répondre, dans son habit de fermière, dans la simplicité d’une vie qu’elle rêvait dès l’enfance, au service de ceux qui n’ont pas de voix. Ses émotions accompagnent le documentaire : « Je ne veux plus être victime de ma colère », « Tous les matins, je me réveille et je suis triste », « Je médite beaucoup sur les choses… Je regarde souvent les feuilles des arbres… c’est important pour moi. » » BB, les initiales d’une très belle personne.

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Durée : 90 mn


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