Amanda (Carefree)

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Dans l’espoir de convaincre Amanda Cooper de l’épouser, Stephen demande à un ami psychanalyste de l’analyser. Mais elle en tombe amoureuse tandis que son futur mari, grand naïf, ne perçoit pas l’amour naissant. La jeune femme lutte, contre son gré, pour rester fidèle mais le docteur Flagg parviendra à la charmer par des moyens peu […]

Dans l’espoir de convaincre Amanda Cooper de l’épouser, Stephen demande à un ami psychanalyste de l’analyser. Mais elle en tombe amoureuse tandis que son futur mari, grand naïf, ne perçoit pas l’amour naissant. La jeune femme lutte, contre son gré, pour rester fidèle mais le docteur Flagg parviendra à la charmer par des moyens peu conventionnels pour un « gentleman ».

Le film de Mark Sandrich, neuvième et avant dernière collaboration du couple phare des années 30, s’ancre dans la comédie conjugale autour du trio habituel. Amanda manque de souffle pour suivre les pas de ces deux danseurs hors-pairs, Fred Astaire et Ginger Rogers.

Bien loin de l’engagement social des années 70 (West side Story de Robert Wise, Hair de Milos Forman…) et des fresques avec Gene Kelly (Un américain à Paris), le film de Mark Sandrich mise sur un scénario mince et déjà vu. Les réflexions freudiennes sur le rêve, sujet en plein effervescence à cette époque, cachent en réalité la superficialité de l’histoire réduite à un triangle amoureux. Une femme, fiancée à Steeve, « grand benêt », tombe amoureuse de son psychanalyste ( Fred Astaire). Tiraillée entre morale et amour, que faire ? Servi par un décor féerique et ancré dans le milieu huppé de New York, le film semble être une bluette bon marché dont les ressorts de l’intrigue sont gravés dans du marbre.
Le sujet intello : la psychanalyse, ne tient pas la route et n’est qu’un prétexte. Elle devient uniquement une échappatoire à la réalité et un tremplin au divertissement (la danse) et à l’onirisme. La RKO s’en voulait-elle d’exploiter un couple célèbre ?

Continuant un exercice d’école, le réalisateur use et abuse des règles indétrônables de la comédie : comique de situation, de caractère et de répétition et quiproquos. Héritier du burlesque, le comique de caractère fait rire de bon cœur mais aucune scène ne reste en mémoire. Il en va de même pour les personnages. Sans grande identité et originalité, ils ne sont toutefois pas déplaisants. Le meilleur d’entre eux est Amanda, interprété par Ginger Rogers. Cette blonde à la fois candide comme Marylin Monroe et femme fatale version Grace Kelly, séduit par son allure distinguée et fait rire par ses maladresses de petite fille ingénue.

On peut être déçu par ce scénario peu novateur mais n’oublions pas que ce style fut prôné par les grands studios comme la RKO qui les développaient à la chaîne. Très fleur bleue et parfois kitsch, entre des décors empruntés aux studios Disney et un romantisme édulcoré, Amanda nous paraît désuet et dénué de toute réflexion sociale. Elle n’aura pas réussi à dépasser son âge comme d’autres l’on fait.

Le plus captivant et impressionnant s’avère être les scènes de danse. Pas toujours bien agencées dans le fil de l’intrigue, elles permettent de prouver la qualité de mise en scène et le talent du duo. On ne peut qu’être époustouflé par les pas légers, la maîtrise de l’espace et la présence scénique, caractéristiques des plus grands danseurs. Visuellement très réussi, on reconnaît un véritable travail de mise en scène pour le cinéma et non pas de pure exploitation d’un spectacle vivant. La réalisation est loin d’être une captation scénique. Chorégraphiée par Hermes Pan, une scène reste inoubliable et saisissante : Ginger Rogers, robe longue en mousseline, virevolte au bras d’un Fred Astaire aérien, comme à son habitude. Amanda affirme indubitablement son identité de comédie musicale grâce à ces deux virtuoses et non pas par ses chansons passe-partout.

Décevant, Amanda ne parvient pas à dépasser le stade de la simple comédie romantique. Il faut revenir en 1938 pour se satisfaire pleinement du talent de Mark Sandrich mais l’intemporalité du couple de danseurs Astaire-Rogers subsiste.

Titre original : Carefree

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Durée : 84 mn


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