Ce pitch qui ressemble bien à son auteur, engendre un film extravagant, burlesque, avec une mise en scène de la justice, sous couvert de délire, grinçante voire sulfureuse. Même si l’auteur se défend ici et là sur les ondes d’avoir voulu critiquer l’institution judiciaire, qui n’a pas besoin de lui pour se ridiculiser (sic), c’est en revanche un documentaire sur cette même justice au quotidien, 10eme chambre, instants d’audience de Raymond Depardon (2004), qui lui a donné envie d’écrire son film.
La séquence inaugurale qui montre la Salle des Pas-Perdus du Palais de Justice en plein réveillon du Nouvel An, l’incroyable plaidoirie loufoque d’un avocat (Nicolas Marié) bégayant, comme les moqueries infligées à la petite lucarne dans un coin de laquelle on surprend un Jean Dujardin traduisant le journal télévisé en (faux) langage des sourds-muets pendant que défilent en bas de l’écran des messages surréalistes, sont à cet égard assez caractéristiques de Dupontel metteur en scène. Ce dernier lâche les chevaux, sort des codes proprets de la comédie gentillette à la française. Et l’invraisemblance prend son tour le plus inattendu lorsque l’on apprend qu’Ariane est enceinte (après un déni de grossesse de 6 mois !) de Bob Nolan (Albert Dupontel), le dangereux criminel accusé de globophagie… C’est la méthode Dupontel : distordre le réel au maximum pour, en l’espèce, réussir l’exploit de faire se rencontrer deux personnes que tout oppose, vivant dans deux mondes différents. On sent le cœur à l’ouvrage dans ce film parcouru par des thèmes chers à l’auteur, comme la paternité, l’injustice, l’altérité et son inverse, l’incommunicabilité entre les êtres. Justement, l’Autre semble être le souci majeur du cinéaste. Au milieu du chaos, du trash, de scènes qui font parfois penser aux Monty Python, il y a toujours un regard bienveillant sur les personnages, la réalité étant suffisamment noire comme cela pour que l’on nous épargne la méchanceté et la cruauté des hommes entre eux.