Wahou !

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Des agents immobiliers farfelus pour des biens invendables.

Wahou ! quelle belle maison !

Pour son douzième long-métrage, Bruno Podalydès reste toujours le metteur en scène de la loufoquerie à la française, mais son Wahou ! est nettement moins déjanté que Liberté-Oléron en 2001 ou le très hilarant Adieu Berthe, l’enterrement de mémé en 2012. Sans doute parce que le thème est plus mélancolique et la présence de Sabine Azéma et d’une vieille maison du XIXe siècle en appellent peut-être au fantôme d’Alain Resnais. Réalisé en seulement quatre semaines, et écrit presque d’un trait, ce nouveau film Bruno Podalydès l’a en tête depuis longtemps. Son prochain long-métrage ambitieux – dont le tournage vient juste de commencer sur les canaux de Bourgogne avec Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès et Daniel Auteuil – ayant été retardé, il a eu l’idée de tourner cette comédie rapidement puisqu’il connaissait le décor (la vieille maison qui allait être réellement vendue) et de nombreux acteurs étaient alors disponibles. Deux agents immobiliers, l’un interprété par lui-même et l’autre par Karine Viard, travaillent dans l’agence Wahou ! dans la très chic ville de Bougival en banlieue parisienne. Wahou !, c’est le cri que doit pousser le client lorsqu’il tombe en pâmoison devant le bien de ses rêves et c’est ce à quoi s’emploient les deux agents, flanqués d’un stagiaire décalé (Victor Lefebvre) qui apporte une touche supplémentaire de loufoquerie au couple d’employés. L’une vient de perdre son mari, se débat dans divers problèmes et oscille entre la rigidité de son métier et son aspect psy ; et l’autre est un peu perdu dans ce nouveau job : du coup, il se trompe de clé et n’est pas à la hauteur pour présenter les deux biens en vente. L’un est une belle maison ancienne, « terrain piscinable et donnant hélas sur la voie du RER » et l’autre, un petit appartement tout blanc dans l’imaginaire triangle d’or de Bougival. Le don d’observation de Bruno Podalydès lui fait décrypter les tics de langage du métier de promoteur immobilier qui vend du rêve et parfois du vent. Mais il observe aussi les clients qui se comportent souvent de manière maladroite en visitant des propriétés et en les critiquant ouvertement devant les propriétaires qui pourraient se sentir dévalorisés, voire insultés. 

Une belle brochette d’acteurs

Bien sûr le film repose sur un ensemble d’acteurs qui sont en harmonie avec le thème du film et Bruno Podalydès en joue en y incluant des doses de burlesque (avec notamment le couple à bicyclette façon Playmobil, ou le duo de motards évoquant bien sûr Hergé et la maison au style vaguement Moulinsart), mais aussi de la poésie notamment par l’apparition de la troupe de musiciens emmenée par une Agnès Jaoui décidément de mieux en mieux de film en film. Une touche aussi musicale par l’utilisation de la musique de Schubert et Bach, mais aussi d’Eddy Mitchell au piano interprétant une chanson pour Gainsbourg. En effet, le chanteur acteur a accepté sans doute de remplacer au pied levé Michel Vuillermoz pas disponible pour interpréter le propriétaire de la belle maison. Il y retrouve pour cela Sabine Azéma avec laquelle il avait joué dans Le bonheur est dans le pré d’Etienne Chatillez. C’est de cette manière que Bruno Podalydès en parle dans le dossier de presse du film : « Eddy a une grande affection pour Sabine. Je tenais beaucoup à ce qu’il joue au piano « Au bar du Lutetia », cette chanson écrite en hommage à notre cher Gainsbourg. Eddy a été formidable. Il a aussitôt appelé son compositeur Michel Amsellem pour que celui-ci adapte le morceau en instrumental et qu’il nous en donne les droits. Ça m’a beaucoup touché. » On croisera aussi Roschdy Zem, Manu Payet, Isabelle Candelier en bourgeoise fofolle et tant d’autres venus sans doute en copains. 

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Durée : 90 mn


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