Mika Kaurismäki et son frère cadet Aki constituent les deux figures emblématiques du cinéma finlandais. Avec trois francs six sous, ils ont réussi à produire leurs films et à maintenir en vie l‘industrie locale. Un Conte finlandais est né de la rencontre du réalisateur avec ses trois vieux amis comédiens. Cette expérience, construite autour de la méthode Cassavetes, n’a été tournée qu’en cinq jours. Chaque acteur a préparé son personnage en s’inspirant de sa propre vie et ignorait le cheminement des péripéties que le réalisateur lui avait destinées.
Dans la première scène, Matti (Pertti Sveholm), inspecteur de police, dispute sa femme enceinte parce qu‘elle ne sait pas faire le rôti de Noël finlandais ; le ventre de son épouse est aussi gros que le morceau de viande. Matti la soupçonne d ‘avoir couché avec Erkki (Kari Heiskanen), son vieil ami photographe. Rauno (Timo Torikka), qui est comédien, arrive de France, où il travaille, pour passer Noël avec sa famille décomposée mais retrouve sa femme morte à l’hôpital où accouche l’épouse de Matti. Finalement, tous se retrouvent dans un bar karaoké vide et discutent de leur vie. Petit à petit, imbibés d’alcool ils se dévoilent et entonnent chacun une chanson réflétant leur personnalité et le drame de leur existence. Une belle inconnue, Magdalène, arrive au milieu de la soirée et apparaît comme un signe d’espoir et de rédemption pour nos trois protagonistes.
Dans Un Conte finlandais, Mika Kaurismäki se penche sur la cellule familiale dont le tableau initial verse dans le pessimisme. C’est à travers une touche d’humour noir, des connotations bibliques mais non religieuses et une psychologie complexe des protagonistes que son film met en lumière une vérité humaine . « On est tous des veufs de Noël », déclare l’un des personnages du film, des « veufs» dans ce pays abandonné qu’est la famille.