Parodie attachante et respectueuse du genre horrifique, le premier long-métrage du réalisateur Eli Craig tendrait à prouver que les rednecks ne sont pas tous des tueurs en série. Moralité : l’habit ne fait pas le péquenaud.
Et si Tucker & Dale réussissait le pari fou de faire oublier le cultissime Shaun of the Dead, sorti il y a sept ans déjà ? Sans pouvoir tout à fait l’affirmer, on peut néanmoins considérer qu’il est au survival / slasher ce que le film d’Edgar Wright est au zombie flick, même si les deux longs s’avèrent relativement dissemblables dans leur approche parodique du cinéma d’horreur. Car il ne faut surtout pas se fier à son titre franglais ridicule, à peine digne d’un direct-to-video (alors que le titre original, Tucker & Dale vs. Evil, faisait très bien l’affaire), qui prouve une fois de plus l’imagination débordante des distributeurs en la matière. En effet, s’il délivre bon nombre de gags savoureux, le réalisateur Eli Craig (dont c’est là le premier film) maîtrise également son sujet sur le bout des doigts et choisit d’évacuer toute forme de cynisme en utilisant les codes du film de genre de manière plus respectueuse et pertinente que son illustre prédécesseur.
Bourré de références, le film annonce clairement la couleur dès les premières scènes : une séquence d’ouverture qui évoque la franchise horrifique espagnole [Rec], un groupe d’étudiants à moitié demeurés partis camper et faire la fête, qui croisent le chemin de deux rednecks aux mines patibulaires sur une route déserte (Massacre à la tronçonneuse), puis dans une station essence (Cabin Fever), et enfin une cabane au fond des bois qui n’est pas sans rappeler un certain Evil Dead. Le décor est planté et les hommages sont légion. Mais le film ne se contente pas d’accumuler les clins d’œil cinéphiliques et repose avant tout sur un scénario bien ficelé, en jouant habilement sur les préjugés et les quiproquos qui en découlent. Les vieux archétypes ont la peau dure et nos deux gentils péquenauds vont bien vite en faire les frais.
C’est sur cette joyeuse inversion des rôles entre agresseurs et agressés qu’Eli Craig bâtit ses ressorts comiques et à travers le point de vue des présupposés méchants qu’il construit sa mise en scène. Il porte un regard tendre sur ces anti-héros qui ont pour seul tort une consommation de houblon pour le moins compulsive. Le tandem d’acteurs composé de Tyler Labine et Alan Tudyk livre là une partition réjouissante qui contribue grandement à rendre ces personnages attachants, ainsi que le film dans son ensemble, même lors des quelques digressions romantiques. Malheureusement, si les malentendus hilarants et les gags sanguinolents s’enchaînent à un rythme soutenu la majeure partie du film, le réalisateur abandonne ce procédé dans son dernier acte pour revenir à une narration plus conventionnelle. Pour autant, il offre une réflexion sur le genre bien plus aboutie et originale que, par exemple, les derniers Scream. Et quoiqu’il en soit, on a là affaire à un spectacle divertissant et malin, à déguster une bonne bière fraîche à la main. Avec modération, cela va sans dire.
Après Ozu et Bergman, c’est au tour de Fellini de rejoindre la collection Format Bible de Carlotta. Voici donc un pavé tout rose shocking fluo, même les photos du cahier central en noir et blanc sont imprimés sur du papier rose carmin, ce qui leur confère un aspect...