Spider-Man 3

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Depuis 2004 et la sortie du miraculeux Spider-Man 2, Sam Raimi est sur la brèche pour la réalisation d’un troisième épisode qu’il annonce aussi comme étant sa dernière participation aux aventures cinématographiques du tisseur. Fan absolu du héros, Raimi a fait en sorte qu´une continuité intègre guide son projet fétiche, pour que l´exercice soit aussi […]

Depuis 2004 et la sortie du miraculeux Spider-Man 2, Sam Raimi est sur la brèche pour la réalisation d’un troisième épisode qu’il annonce aussi comme étant sa dernière participation aux aventures cinématographiques du tisseur. Fan absolu du héros, Raimi a fait en sorte qu´une continuité intègre guide son projet fétiche, pour que l´exercice soit aussi fidèle que possible au personnage. Ainsi, l’équipe originale est de retour, celle technique, prête à assurer le spectacle, et surtout, la ferveur nécessaire au bien mené d´une telle entreprise reste soigneusement intacte. Bref, au lendemain du succès tant critique que public qu´ont connu ses films (2 données n´allant pas forcément de pair pour un blockbuster), tout semble converger vers le meilleur pour boucler la trilogie consacrée à l’arachnide le plus célèbre de la bande dessinée.

C´est avec une certaine joie que l´on retrouve ces personnages : les adolescents du premier film ont bien grandi, gagné en maturité et ont la délicatesse de parfois nous ressembler. Peter et Mary-Jane vivent à présent une relation stable, et celle-ci poursuit ses objectifs fixés tandis que Peter a repris le chemin des cours et parvient à mieux gérer ses activités extrascolaires. Cet état de fait, étrangement calme pour un épisode de Spider-Man (celui qui par définition est toujours en galère), n’est là que pour corser les choses à mesure qu’elles avancent. Rapidement enorgueilli par sa propre réussite, Peter en oublie les personnes l’entourant, y compris sa rousse incendiaire, et perd très vite pied en même temps qu’apparaissent dans l’ombre des personnes susceptibles de ruiner sa vie.

Etoffant sa galerie de personnages, le scénario convie l’initialement rousse Bryce Dallas Howard dans le rôle de la blonde Gwen Stacy, pour une entreprise de déconstruction méthodique du couple formé par Peter et Mary-Jane. La blonde Kirsten Dunst, toujours aussi rousse pour jouer Mary-Jane, n´en oublie pas pour autant de se manifester, créant un triangle amoureux où s´entrecroisent tout un chacun comme aux temps hésitants qu´on croyait révolus. Le plaisir est d’autant plus décuplé que Sam Raimi n’oublie pas de les faire jouer les demoiselles en détresses, stigmatisant les fonctions principales du super-héros. Le rapport à la nostalgie n’en devient alors que plus évident, y compris dans ces scènes dépeignant un New York fantasmé trouvant une démesure de pur comic-book dans des séquences presque jubilatoires.

En effet, si les effets spéciaux sont parfois perfectibles notamment dans les scènes de voltiges, ils n’enlèvent cependant pas au long-métrage l’impact et la magie qu’ils sont chargés de véhiculer. Et même quand on finit par s’habituer aux cabrioles de Spidey à travers la ville, Sam Raimi et son équipe s’arrangent pour rendre leurs angles de vues sans cesse plus tordus et spectaculaires. La dernière séquence d´affrontement, exemplaire du point de vue de la gestion de champs et véritable chant d´amour aux personnages << bigger than life >>, voit s’affronter les parties en présence au sein de plan-séquences virtuels bluffants et de cadres libre de toutes contraintes pour un résultat qu´on osait fantasmer.

A force de se réapproprier cet univers qu’il aime tant, Sam Raimi en vient à reconsidérer certains points qu’il aurait été dans d’autres circonstances dangereux de retoucher. Ainsi, pour garantir une certaine homogénéité de l’histoire condensant une brassée de personnages, le scénario revient sur les circonstances de la mort de Ben Parker afin de l’intégrer plus solidement dans le récit, faisant de ce deuil traumatisant un cauchemar bien vivant. A ce sujet, les flashbacks incluant l’oncle de Peter sont déchirants à plus d’un titre, le seul mentor de Spider-Man ayant été un homme sage rempli d’une bonté confondante. Et la progression reste logique : chacun peine, se dévoile et vit, tout simplement. Certains de ces moments touchants font souvent place à des séquences si simples qu’elles en deviennent quasiment emblématiques de la richesse latente en chaque personnage.

Le changement le plus probant concerne cependant le personnage de Harry Osborn, fils tourmenté du Bouffon Vert et jeune homme en crise ne sachant plus comment réagir face aux trahisons qu’il subit (ou croit subir). James Franco pulvérise l’écran de sa présence en canalisant enfin l´une des sous intrigues les plus méchamment attendues : la relève au super vilain quintessenciel de l´histoire de Spider-Man, celui par qui tout arrive et à cause duquel celui-ci a basculé dans un monde définitivement trop sombre.

Pas pour autant débordé et sachant parfaitement gérer le temps imparti, Sam Raimi orchestre sa tragédie entre joie communicative et séquences de pur bonheur, sans oublier ces petits moments pervers qui font peu à peu avancer l’intrigue jusqu’à un point de non-retour montant en puissance pendant tout le film. Loin de perdre ses objectifs de vue, le film condense une quantité de personnages importants qui, s’ils ne peuvent être traités sur le même pied d’égalité, ont tous une part d’ombre et de lumière judicieusement exploités pour crédibiliser une action principalement basée sur l’émotion, chaque action, la plus futile en apparence provoquant des conséquences nettement moins réjouissantes au final (pour les personnages en tous cas)

En l´état, Sam Raimi réussit quelque chose de fondamentalement important : réaliser un film où l’on s’émeut d’un rien grâce à une générosité confondante, et où l’on exulte de voir ce héros imparfait sembler porter le fardeau du monde sur son dos. Vidé de tout cynisme et marchant à l´émotion brute, Spider-Man 3 est un film qui parle directement à son audience malgré son imposante machinerie qui n’aurait pu que créer une distance glacée et étouffer les meilleures intentions si elles n’étaient guidées par un sens évident du sacerdoce. Conscient du travail auquel il s´attelle, Raimi pousse ses personnages jusqu´à leurs derniers retranchements, nous faisant soudain réaliser combien nous les aimons : le plus dur, c’est de devoir les quitter, malgré tous les bons moments passés avec eux.

Ainsi, l’ado malheureux du lycée a brillamment passé le cap du délicat passage à l’âge adulte. Quand bien même cette transition fut douloureuse et sertie de choix tous plus cornéliens les uns que les autres, Sam Raimi aura au travers de 3 films, raconté l’histoire d’un jeune homme ordinaire confronté à des situations extraordinaires, et forcé d’y faire face, ses tentatives d´y échapper le ramenant systématiquement face à la responsabilité lui incombant. Une parabole certes peu originale mais qui, traitée avec toute la passion nécessaire, a fait des miracles sur le personnage.

Et même si Raimi pourrait bien être de retour, il signe en guise de conclusion une dernière note d’intention, une ultime séquence sobre et touchante mettant un point final à son ère entamée il y a quelques années, pensée comme un tout cohérent. Ce genre de petites attentions, on n´en voit pas souvent.

Titre original : Spider-Man 3

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Durée : 139 mn


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