Ben (Aaron Johnson) et Chon (Taylor Kitsch), l’un militaire, l’autre botaniste, sont deux meilleurs amis partageant deux points communs : ils gèrent tous les deux la plus grosse plantation de marijuana de Californie et sortent tous deux avec la même fille : O (Blake Lively). Leur petit monde paradisiaque se retrouve perturbé le jour où le cartel de drogue le plus puissant du Mexique décide de kidnapper celle-ci…
Version musclée de Jules et Jim (François Truffaut, 1962) sous acide, Savages s’avère avant toute chose un divertissement de haute volée d’une hystérie et d’une intensité impressionnantes. Projet en or pour Oliver Stone adapté du roman éponyme de Don Winslow, le récit du film permet au cinéaste de parler de choses importantes à ses yeux et ce de manière accessible. Des cartels de drogue qui régissent le Mexique à l’influence des États-unis sur le pays en passant par la guerre en Irak ou encore la crise économique, le scénario (brillamment ficelé et dialogué par Shane Salerno et Don Winslow) surfe sur un bon nombre de sujets permettant au metteur en scène de se lâcher. De ce fait, celui-ci renoue avec un style visuel plus débridé et tape à l’œil (montage cut, contre-plongées, cadres débullés, effets d’obturateur lors des scènes d’action, bande son surmixée…) propre à ses premières œuvres et que l’on pourrait même presque qualifier d’expérimental par moments.
Le réalisateur s’entoure par ailleurs d’un casting aussi probant qu’éclectique, contribuant fortement à la réussite du film. Que ce soit John Travolta dans le rôle d’un agent fédéral corrompu (son meilleur rôle depuis des lustres !), Benicio del Toro en bras droit tordu et effrayant ou encore Salma Hayek an marraine de cartel sexy, notre plaisir de spectateur est au comble, le film fourmillant de vrais gueules de cinéma. On louera notamment les présences d’Aaron Johnson (l’acteur principal de Kick-Ass, méconnaissable), Blake Lively et Taylor Kitsch complétant ce trio de personnages principaux fonctionnant à merveille. Le film étant parsemé de séquences d’une violence inouïe (les exécutions sommaires des cartels, la scène du fouet dans le hangar…), on évoquera également le climax du métrage, offrant deux possibilités de fin au spectateur, tout aussi satisfaisantes l’une que l’autre et résumant parfaitement les intentions du scénario : une histoire d’amour violente et poétique d’un côté, un virulent pamphlet politique de l’autre.
Peut-être pas le meilleur film de la carrière du cinéaste, Savages s’avère toutefois nettement plus satisfaisant que ses dernières tentatives derrière la caméra. Une chose est sûre : Tony Scott a peut-être choisi de nous quitter mais Oliver Stone est bel et bien de retour !