Robert Redford – Biographie (Michael Feeney Callan)

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Aux éditions La Trace, la biographie référence d’une des plus magnifiques stars hollywoodiennes. Parution le 17 mai 2022.

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Si l’épithète de star peut encore faire sens aujourd’hui, Robert Redford en est sûrement l’incarnation la plus auguste qui soit. Butch Cassidy et le Kid, Gatsby le magnifique, Out of Africa, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, Spy Game, pour  ne citer qu’une infime partie de ses succès, ont révélé, bien au-delà de son magnétisme unique, tout le talent d’acteur de cette icône hollywoodienne. À l’instar de Clint Eastwood, l’acteur a traversé les six dernières décennies avec la même élégance, cédant de plus en plus la place à ses doubles écraniques pour pouvoir se positionner derrière la caméra. Alors qu’Eastwood bénéficie d’une reconnaissance publique et critique sans commune mesure, l’importance de Redford semble quelque peu minorée.  Si le réalisateur n’est pas reconnu pour sa virtuosité, il a su creuser son sillon en s’appuyant sur un classicisme et une rigueur toujours efficaces. Mais, surtout, la personnalité de l’homme, ses exigences en tant que  comédien en font un véritable  acteur-auteur, qui, de films en films, a construit au travers de ses personnages une œuvre riche et singulière.

L’un des considérables mérites du travail de Michael Feeney Callan se trouve dans ce désir constant de ne jamais séparer l’homme de l’artiste. Ses convictions, ses doutes, ses échecs personnels, ses qualités, ses défauts (impayable retardataire) se rejoignent et se percutent en permanence. Le biographe, qui a rencontré à plusieurs reprises la star pendant près de quinze ans, apporte forcément son regard personnel sur l’homme. Mais c’est surtout son travail d’historien qui impressionne : s’appuyant sur les carnets personnels de Redford et d’innombrables témoignages, il brosse un portrait riche de nuances. Les sept-cent cinquante pages de ce passionnant roman de  vie ne sont pas de trop pour réussir un tel voyage.

Le roman de l’Amérique

Très jeune, Redford a développé un regard critique sur son Amérique ; celle qui a accueilli sa famille, celle porteuse d’espoirs pendant le New Deal de Roosevelt, celle dont l’impérialisme n’aura cure des désidératas des nations moins puissantes, et celle qui avec la Chine se positionne parmi les deux plus grands pollueurs de notre planète. Bien plus qu’un arrière-plan, les bouleversements politiques des différentes décennies vont innerver aussi bien les choix de carrière de l’acteur que ses engagements pour la protection de la planète. Avec comme point d’orgue, Sundance, créé pour protéger la nature et faire germer le cinéma indépendant. Redford a progressivement pris conscience qu’être un symbole du rêve américain ne le dispensait pas, bien au contraire, d’en dénoncer la dimension factice.

Quand Feeney Callan ne s’efface pas derrière les mots de ses protagonistes, sa belle plume nous plonge dans l’Amérique des grands auteurs. Notamment dans la partie consacrée à l’enfance et à l’adolescence du turbulent Bob, où la Californie, terre des modestes Redford, est dépeinte dans un style réaliste et romanesque digne d’un roman de John Dos Passos. Dans les années quatre-vingt et quatre-dix différentes approches de la carrière de Redford ont été publiées, comme celle de Francois Guérif, mais aucune d’elles ne saurait s’imposer comme incontournable. Il a fallu attendre cette traduction française du titanesque travail de Feeney Callan pour atteindre le Graal. Un grand merci aux Éditions La Trace pour ce véritable bonheur.

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