Rêves et cauchemar

Article écrit par

Le Coin du Cinéphile s’immisce cette semaine dans vos rêves.

Le monde des songes est un prisme puissant propre à stimuler les possibilités du cinéma, propre à y véhiculer avec brio ses affects secrets et l’imagerie singulière. Les films traitant du sujet cherchent donc souvent un équilibre entre veine psychologique et expérimentations formelles. Le film noir s’aventure notamment dans le thème tel Alfred Hitchcock et sa séquence conçue avec Salvatore Dali dans La Maison du Docteur Edwardes (1945). Pour ce Coin du Cinéphile nous avons cependant plutôt privilégié les films explorant l’expérience esthétique, de laquelle vont découler les différents motifs analytiques (alors que c’est généralement l’inverse) dont la psychologie mais pas que. Le songe peut-être une projection de l’âme du créateur dans son versant torturé et explicite avec Providence d’Alain Resnais, ou sous-jacente et lumineuse pour Akira Kurosawa au crépuscule de sa vie quand il signe Rêves (1990). Le rêve peut également être une réaction inversée ou une lecture latente des maux d’une époque dans Le Magicien d’Oz de Victor Fleming (1939), échappée féérique au contexte de crise économique et de conflit mondial, ou encore Les 5000 Doigts du Docteur T de Roy Rowland et sa métaphore du communisme. Le récit enfantin est ainsi à la fois une fuite et un reflet des peurs enfantines. L’imaginaire foisonnant de créateurs tels que Satoshi Kon ou Ken Russell peuvent même nous emmener sur des territoires inédits où le rêve interroge sur l’origine de l’existence elle-même dans Au-delà du réel (1980), ou la nature poreuse du réel dans Paprika (2007).

 

Bonne lecture avant un prochain Coin du Cinéphile consacré à Federico Fellini.


Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/clients/8d2910ac8ccd8e6491ad25bb01acf6d0/web/wp-content/themes/Extra-child/single-post.php on line 73

Lire aussi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

L’étrange obsession: l’emprise du désir inassouvi

« L’étrange obsession » autopsie sans concessions et de manière incisive, comme au scalpel ,la vanité et le narcissisme à travers l’obsession sexuelle et la quête vaine de jouvence éternelle d’un homme vieillissant, impuissant à satisfaire sa jeune épouse. En adaptant librement l’écrivain licencieux Junichiro Tanizaki, Kon Ichikawa signe une nouvelle « écranisation » littéraire dans un cinémascope aux tons de pastel qui navigue ingénieusement entre comédie noire provocatrice, farce macabre et thriller psychologique hitchcockien. Analyse quasi freudienne d’un cas de dépendance morbide à la sensualité..

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

Les derniers jours de Mussolini: un baroud du déshonneur

« Les derniers jours de Mussolini » adopte la forme d’un docudrame ou docufiction pour, semble-t-il, mieux appréhender un imbroglio et une conjonction de faits complexes à élucider au gré de thèses contradictoires encore âprement discutées par l’exégèse historique et les historiographes. Dans quelles circonstances Benito Mussolini a-t-il été capturé pour être ensuite exécuté sommairement avec sa maîtresse Clara Petacci avant que leurs dépouilles mortelles et celles de dignitaires fascistes ne soient exhibées à la vindicte populaire et mutilées en place publique ? Le film-enquête suit pas à pas la traque inexorable d’un tyran déchu, lâché par ses anciens affidés, refusant la reddition sans conditions et acculé à une fuite en avant pathétique autant que désespérée. Rembobinage…