Vous l’aviez enregistré avec votre magnétoscope et découpé la jolie jaquette fournie dans votre magasine TV. Vous l’aviez acheté en DVD. Rachèterez-vous cette nouvelle édition DVD et première édition en Blu-Ray ? L’attrait principal des rééditions est en général double : la restauration du film et son transfert en HD d’une part et de nouveaux bonus de l’autre, le tout devant rendre caduque la précédente mouture.
Psychose ne fait pas exception. Tant dans la restauration que les bonus, le travail est en effet exceptionnel et a valu au film un passage, entre autres, à la sélection Cannes Classics 2010 et au Festival Lyon Lumière en avant-première.
Janet Leigh, l’argent, la pluie, le motel, Anthony Perkins et sa gentille maman… On ne présente plus Psychose. Pour son cinquantenaire, le film d’Hitchcock s’est offert un soigneux lifting. L’image a bénéficié d’une nouvelle restauration qui, sans la rendre absolument parfaite, permet une vraie redécouverte du film. Mais c’est surtout du côté de la bande son que se trouvent les meilleures surprises. Effectuée par la société française Audionamix, la restauration a consisté à gommer les anomalies d’époque en séparant les sources sonores en trois pistes : une pour les dialogues, une pour les effets et la dernière pour la musique. Ce procédé d’extraction a pour effet d’amplifier et de spatialiser le son pour son passage en 5.1. Le résultat est impressionnant. Si la musique de Bernard Hermann se donne enfin dans toute son ampleur, c’est surtout du côté des effets sonores que le travail est le plus spectaculaire. Ceux-ci gagnent en précision. La séquence de conduite nocturne en fournit un bel exemple : la pluie résonne nettement sur le capot et chaque voiture croisant celle de Janet Leigh est plus distincte. De même quelques scènes plus loin, jamais rideau de douche tiré n’a été aussi sonore. Sur le papier, cela peut sembler anodin, mais devant l’écran, chaque effet ajoute à la tension et l’angoisse que suscite le film.
Malheureusement, on peut se demander si les restaurateurs ne sont pas allés trop loin. Si le documentaire qui présente la restauration dans les bonus est aussi pédagogique que passionnant, certains propos ne peuvent manquer d’étonner. La volonté de « conférer la qualité des enregistrements d’aujourd’hui aux films du passé » ou encore l’évocation d’un « potentiel plus fort que ce que les spectateurs ont vu à l’époque. » Sans jouer les puristes, ces déclarations sont forcément troublantes et l’idée de rendre un film « plus fort » par les moyens contemporains extrêmement déplaisante. La restauration est là pour réparer les dégâts du temps ou autres blessures du film, son rôle n’est pas de le rendre plus fort, plus effrayant, meilleur… Pas de créer un film qui n’existe pas. Evidemment, notre constat est plus alarmiste que ne le mérite cette nouvelle version de Psychose. Mais tant dans le travail fourni que dans les propos, on sent régulièrement poindre le danger de la surrestauration que les évolutions technologiques risquent d’encourager. Méfiance donc…
Bonus
Cette édition foisonne de bonus, souvent déjà connus certes, mais dont le regroupement ou le simple accès fait de cette édition un must. Outre le documentaire sur la restauration sonore, on y trouve pêle-mêle le matériel publicitaire d’époque, un entretien entre Hitchcock et Truffaut, le documentaire Dans l’ombre du maître : l’héritage d’Hitchcock, un commentaire audio du film, un épisode d’Alfred Hitchcock présente (L’Inspecteur se met à table)… Bref de quoi prolonger le frisson encore longtemps.
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