Neneh superstar

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Pétri de bien-pensance, ce film rate sa cible.

Un récit d’apprentissage

On n’aurait pas envie d’être méchant avec ce film, et pourtant on a été un peu rebuté par cet entre-soi dont il est pétri même si le réalisateur, dans le dossier de presse, s’en défend en prétendant avoir parcouru le monde entier pour trouver la gamine pour interpréter Neneh et finalement découvrir, à deux cents mètres de chez lui, la perle rare, qui n’est autre que la fille adoptive de Valeria Bruni-Tedeschi et Louis Garrel. Vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre… Ensuite, il y a ce titre un peu bébête, un peu racoleur d’autant que la Neneh en question ne rêve pas de devenir une superstar, mais une danseuse étoile, ce qui n’est quand même pas la même chose. Encore une fois, on prend le spectateur, et même la spectatrice !, pour un ou une imbécile. Comment réaliser avec ce titre que cette toute jeune fille a été acceptée à la célébrissime école de l’Opéra de Paris pour y apprendre la danse classique. Ce n’est pas donné à tout le monde et elle, en plus, y est admise sans avoir jamais pratiqué réellement la danse dans un cours, mais seulement en se regardant dans le miroir de sa chambre faire du hip hop comme les gosses du quartier. Sur insistance du directeur de l’Opéra, interprété par un peu convaincant Cédric Kahn (Cédric Klaplisch aurait été plus au fait du sujet), elle a été admise sans doute pour ouvrir le corps du ballet aux minorités visibles comme la novlangue nous y a habitués avec ses mots stériles et stéréotypés. La directrice de l’école, interprétée par une impeccable Maïwenn, ne voulait pas du tout engager Neneh mais elle a ses raisons que vous découvrirez au cours du film et qu’on ne va pas dévoiler. 

Novlangue de la diversité

Vous l’aurez compris, voici un film assez démago qui hésite entre comédie et pensum sociétal comme c’est la mode actuellement. Malheureusement très éloigné du charme des films hollywoodiens, ou même simplement d’un magnifique Billy Elliot, Neneh superstar rate sa cible parce qu’il est trop orienté, trop militant avec ses gros sabots, si bien que cela devient pénible. D’ailleurs, le réalisateur, Ramzi Ben Sliman, auteur notamment du court-métrage de 12 minutes Grand Hôtel Barbès pour la 3ème scène de l’Opéra national de Paris, ne s’en cache pas lorsqu’il s’exprime dans le dossier de presse comme un bureaucrate sorti d’un ministère qui veut modifier la réalité de notre société par des décrets et de la propagande : « Je crois que toutes les institutions s’interrogent aujourd’hui sur la diversité. La danse, et notamment la tradition du ballet blanc, est très emblématique d’une uniformité sociale et culturelle. Mais il n’est pas le seul. Simplement, la danse caractérise très efficacement la question en exhibant, précisément, le corps comme outil de transmission de valeurs. Pour autant, lorsque le directeur actuel de l’Opéra de Paris, Alexander Neef, commande un rapport sur la diversité à Pap Ndiaye en septembre 2020, on voit bien que mon film – écrit bien plus tôt – rejoint la réalité. Notamment dans le personnage du directeur de l’Opéra. » Ainsi on perd de vue la discipline et la rigueur de l’école de danse de l’Opéra parce que la jeune Neneh s’y comporte comme une enfant butée et, dans la réalité, elle n’y serait pas restée plus d’une semaine. C’est bien beau de vouloir faire rêver les enfants, mais encore faut-il ne pas les leurrer car l’apprentissage de la danse demande une rigueur et un travail infinis faisant fi des caprices et d’un ego démesuré.

Le piège du film sociologique

Il est certes parfois nécessaire de réformer la société et ses institutions, mais pas au forceps, surtout pas par le cinéma, pas en adoptant comme des aveugles et des automates les diktats du wokisme et de la bien-pensance imposés par une Europe et surtout une Amérique qui n’ont ni la même culture, ni la même Histoire que nous. Et à ce rythme effréné de réformettes qui vont de la langue française au ballet en passant par l’école et le cinéma, nous risquons à court terme de perdre notre âme et de ne faire que des mécontents dans un camp comme dans l’autre. Ce film en est un peu le triste exemple même s’il est techniquement bien réalisé. Mais il aurait gagné en crédibilité en posant le vrai problème de l’insertion d’une jeune fille noire dans un milieu qui ne lui est cependant ni hostile, ni favorable sans sombrer dans une forme de manichéisme insupportable. Quel dommage en plus que ne soit pas mieux développé le talent de Mehdi Kerkouche, ce danseur chorégraphe qui s’épanouit à l’Opéra et en ce moment au théâtre de Chaillot et qu’on aurait pu mettre un peu plus en avant.

Titre original : Neneh superstar

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Durée : 95 mn


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