Luigi Comencini occupe une place à part dans le quatuor magique (Dino Risi, Mario Monicelli, Ettore Scola) de la comédie italienne de l’âge d’or. Le réalisateur possède une facette plus sombre, une appétence pour le drame et c’est presque par accident qu’il gagnera ses galons dans la comédie avec la série des Pain, amour et fantaisie. Dans ses œuvres majeures, le rire sert un arrière-plan qui peut être social dans Le Commissaire ou historique avec La Grande Pagaille. Plus le temps passera plus la comédie se délestera de tout humanisme pour dresser un portrait au vitriol de ses congénères dans des classiques comme L’Argent de la vieille, les farces Qui a tué le chat ? et Mon dieu comment suis-je tombée si bas ?, ou le très oppressant Le Grand Embouteillage. La tendresse et la bienveillance de Comencini se réserve pour son cycle sur l’enfance, à travers le mélodrame de L’incompris, le conte de Les Aventures de Pinocchio, le récit de corruption morale de Casanova, un adolescent à Venise ou le plus méconnu Eugenio sur le drame du divorce. Comencini est un humaniste pessimiste qui déverse un fiel désespéré envers les adultes, et une tendresse résignée pour les enfants. Le rire et les larmes se confondent chez lui dans cette vision du monde contrastée.
Bonne lecture pour un prochain thème consacré aux « Rêves et cauchemar au cinéma » !