La réalisatrice argentine, Julia Solomonoff, adopte le point de vue de ses personnages, en devenir et en pleine phase de questionnements. Début des règles et poitrine qui se dessine chez les filles ; du côté des garçons, on doit prouver sa virilité, à travers des courses de chevaux. Les corps se métamorphosent comme le suggère la mue d’un serpent, trouvée au cours d’une balade. L’innocence est omniprésente, à travers le duo que forment Jorgelina et Mario, dont le visage, entouré de boucles blondes, est on ne peut plus angélique.
Le Dernier été de la Boyita traite d’un sujet délicat, sans jamais déchoir dans le pathos et avec une certaine lucidité (le dico médical de papa toubib ne restera pas nécessairement au fond de la bibliothèque). Mais le film est loin de s’élancer vers les hautes sphères du long métrage d’apprentissage. Julia Solomonoff choisit de s’appuyer sur les images, en laissant un peu de côté les dialogues et le scénario, dont le contenu relève bien plus de la collation que du festin.
L’on goûte à un retour à l’adolescence mais la délectation n’y est pas. Le film reste trop aggripé à ce regard (pré)pubère qui, restreint, finit par devenir lassant. La caméra explore l’intime et les troubles de l’adolescence, au carrefour des identités sexuelles. Mario et Jorgelina éprouvent les joies du travestissement devant la glace, qui voit défiler moustache, chapeau de cow-boy, colliers et autres accessoires. Derrière le jeu, en apparence innocent, se nichent des interrogations liées à la découverte de soi mais la caméra manque cruellement d’un brin de sensualité, timide mais bel et bien présent au réveil de l’adolescence et qui fait tout le charme de ce stade de l’existence.
Le Dernier été de la Boyita montre des êtres aux prémices d’un âge trouble avec un regard lucide, toutefois un sentiment d’inachevé habite cette peinture. Julia Solomonoff a pris le parti d’adopter le point de vue de l’enfant mais tout un pan de l’adolescence, et non des moindres, semble édulcoré : la nature imprègne le film tandis que l’éclosion des sens le déserte et c’est bien dommage.