L’Assaillant (El Asaltante)

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On ne sait pas où va cet homme, qui semble préoccupé, mais qui pourrait aussi bien faire quelques démarches agaçantes ou stressantes. À Buenos Aires, mais ça pourrait être dans n´importe quelle grande ville du monde.

« Ça pourrait être un film muet », comme le fait remarquer Philippe Piazzo dans le dossier de presse. « Pas un mot, mais tout est dit. » Et rien n’est dit. Jusqu’à la fin un suspense incroyable qu’on ne vous dévoilera pas bien sûr, mais qui fait tout le suc de ce petit film qui aurait pu être plus long, ou plus court peu importe, mais qui vous emporte dans un monde étrange comme le ferait un ovni. Le jeune réalisateur, à qui l’on doit La sangre brota, nous livre ici une intéressante réflexion sur le monde comme il va, sur la solitude des grands espaces urbains, mais aussi sur le rêve, le fantasme dans une vie somme toute banale et qui, tout à coup, peut basculer dans l’absurde, l’horreur ou le plus grand des bonheurs.

Entre exercice de style et petit polar, L’Assaillant entraîne le spectateur dans un monde où finalement tout fait sens, où le moindre détail compte, où la moindre seconde est du temps à ne pas gaspiller. On dirait aussi une modeste leçon de cinéma, parce que Pablo Fendrik a certainement un bel avenir de cinéaste devant lui. Retenez bien son nom car ce coup de cœur de la Semaine internationale de la Critique du festival de Cannes 2007 risque de marquer les esprits et d’appeler d’autres opus. Surtout quand on sait, à la lecture de l’entretien qu’il accorde dans le dossier de presse, qu’il prépare un film sur l’histoire d’un pyromane chinois, et un autre qui se veut la retranscription d’un énorme carambolage qui a impliqué plus de quinze camions, trois bus et deux voitures dans une province de Buenos Aires. Toujours des scénarios tirés de fait divers et de la vie quotidienne dans ce qu’elle peut avoir de surprenant de simplicité, de médiocrité même.

Servi par deux excellents acteurs, Arturo Goetz et Barbara Lombardo, et une équipe tout aussi séduisante, L’Assaillant ne vous laissera pas indifférent, même si son titre et l’affiche qui ira avec font plutôt penser à un pensum politique. Il n’en est rien. Jamais petit film aussi inattendu n’aura autant étonné, et son suspense poursuit bien après l’avoir vu, d’autant qu’il existe dans sa trame même quelques mystères non élucidés. En mettant en avant un acteur impressionnant de force et de naturel, Pablo Fendrik touche enfin à l’universalité de la souffrance et de la déréliction humaine. « Ce corps nous raconte, écrit encore Philippe Piazzo, par incidence, toute la vie d’un homme par sa façon d’être. Tout son malaise par sa façon de se tenir. Sa fragilité, à sa façon d’être là en espérant être ailleurs quand, dans un taxi, il se trouve aux côtés d’une jeune femme qu’il sauve tout autant qu’elle l’a sauvé. »

Titre original : El Asaltante

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