La tête en friche

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Jean Becker nous livre encore une fois un film tendre, simple et inter-générationnel. La tête en friche, son douzième long-métrage, est un moment de simplicité, un moment rare porté par la notion de partage et les rencontres humaines.

Adapté du roman éponyme de Marie-Sabine Roge, La tête en friche porte en lui tous les codes du cinéma de Jean Becker. Un cinéma humaniste où ce sont les notions de « rencontre » et « partage » qui établissent les bases du langage. Ce nouveau film l’illustre à merveille, à travers la rencontre improbable de deux êtres qui n’ont en commun que le fait d’être sur terre, et qui verront le cours de leur existence changer progressivement au fil de leur rencontre.

Le regard de Jean Becker s’est posé sur deux acteurs de talents, Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus. C’est sur ces deux personnages complémentaires que repose le film, ici pas de péripétie, pas d’excès, juste la simplicité de la vie avec de la tendresse, de la tristesse et de la joie.

Le personnage incarné par Gérard Depardieu (Germain) est bien loin de Camus ou Chateaubriand, et pourtant dans la délicatesse du partage, Gisèle Casadesus (Margeritte) lui offrira les mots qui lui manquaient pour lire ces auteurs. Germain est un personnage inculte mais pas pathétique, Margeritte est une vieille dame érudite. Ils se rencontrent dans un parc à compter les pigeons. Très vite, Margeritte va initier Germain à la beauté de la lecture.

Outre le délectable jeu d’auteurs, la mise en scène est remarquable, tout est cadré, simple, efficace. Les dialogues ne sont pas en reste, d’une très grande précision, Jean-Loup Dabadie a su trouver les mots exacts pour exprimer avec émotion cette magnifique rencontre.

La tête en friche compte de nombreuses participations, comme celle de Maurane en patronne de bistrot, incarnation de l’un des piliers du film à l’image solide et rassurante. Mais aussi Claire Maurier qui joue la mère de Germain, Patrick Bouchitey en pote de bistrot, pour ne citer qu’eux.

Il ne sert à rien de parler de ce film, il faut l’observer, le contempler, le faire sien. Il faudrait presque se projeter dans le personnage de Germain dont Gérard Depardieu en dit qu’il ne va pas « s’amuser à préparer (le personnage de ) Germain Chazes car c’est tout simplement un homme qui regarde les gens et les écoute. Il me suffit donc de regarder et d’écouter pour être lui. »

Titre original : La Tête en friche

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Durée : 82 mn


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