La Mujer Sin Piano

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Une femme au foyer s’échappe, le temps d’une nuit, dans les rues de Madrid pour vivre ses émotions au gré de ses envies. Idée sympathique mais réalisation approximative pour un long-métrage assourdissant.

Deuxième long-métrage de Javier Rebollo après Lo que sé de Lola en 2007, La mujer sin piano traite  à nouveau le thème de prédilection du cinéaste espagnol, à savoir l’ennui et la solitude. Rosa, presque cinquante ans, vit dans un appartement neutre, avec son mari et son quotidien ennuyeux. Elle tient à ses heures perdues un cabinet d’épilation au laser, laissant entrer dans son univers clos et lassant des femmes presque opposées à Rosa, vivantes, jeunes, préoccupées par leur esthétique et leur agenda. Mais un soir au coucher, Rosa décide de faire sa valise et de partir.


Où va-t-elle? Elle vagabonde, elle èrre dans les rues de la capitale espagnole avec une certaine désinvolture. Le film montre certes le destin bousculé d’une femme qui prend ses désirs pour une réalité, qui décide de montrer à son mari qu’elle n’en peut plus de ce quotidien. Sauf que la mise en scène de cette idée est loin d’être convaincante. Filmée dans ses déplacements, avec une caméra lente et douloureusement passive, le réalisateur marque là une première erreur. Le thème, en soi intéressant, n’est pas mis en images. Peut-être que Javier Rebollo s’est imaginé les scènes plus qu’il ne les a filmées, montrant d’avantage une déambulation presque issue de la folie qu’une véritable prise de liberté de la part de son personnage principal.

Elle aurait pu aller loin. S’ajoute à sa condition de femme au foyer désespérée, un acouphène – autrement dit un bruit constant – que le réalisateur vit lui-même. Ce bruit constant, ce handicap donne au film un bruit, une sonorité très désagréable. Le réalisateur a-t-il désiré partager ce mal-être avec ses spectateurs ? Toujours avec un rythme très lent et déambulatoire, l’ambiance sonore du film oscille entre sifflement et bruits de talons insupportables. Les images patissent des sons montés par amplification, laissant peu de place au véritable désir et plaisir de voir le film.

Une balade sonore avec quelques fenêtres ouvertes. Malgré ces nuisances et cette volonté de suivre véritablement Rosa, Javier Rebollo tente quelques scènes originales et significatives. Notamment celle où elle décide de se masturber, seule, chez elle. Cet instant de plaisir, de liberté est très vite coupée par le téléphone qui sonne. Sans doute le souhait du réalisateur était de montrer l’absence totale de plaisir chez cette femme au foyer. Mais c’est alors continuer dans cette ritournelle de l’ennui, tant dans l’histoire racontée que dans les scènes filmées, sans rebondissement. Quant au piano, dont le titre fait échos, on l’entend mais on ne voit pas l’actrice en action. Une fois de plus, ce qui aurait du être montré est caché, par choix, créant une sorte de déception de l’autre côté de l’écran.

C’est une déception.  La mujer sin piano, annoncé comme un film sur la solitude, le besoin de liberté et le désespoir d’une femme au foyer , tend à défendre l’idée que tout est ainsi, il est impossible de changer son quotidien et de changer ses habitudes. Message négatif, film sonore plutôt que visuel, Javier Rebollo s’est-il laissé envahir par ses propres souffrances ?

Titre original : La mujer sin piano

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Durée : 95 mn


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