Acteur, réalisateur, scénariste, le jeune prodige québécois n’a pas fini de faire parler de lui. Longtemps restée dans un tiroir, cette histoire d’amour et de haine entre un adolescent en pleine crise d’identité et sa mère rigide a finalement fait surface, et ce, pour le plaisir des spectateurs. Hubert Minel a dix-sept ans, habite seul avec sa mère divorcée depuis plusieurs années. Dans sa chambre sont placardés des posters, des dessins et des Polaroïds. Dès les premiers plans, le spectateur est plongé dans l’intimité du personnage principal. Mal dans sa peau, l’adolescent provoque sa mère en l’insultant violemment lors des repas en tête à tête. « Alzheimer ! », crache-t-il à cette femme qui mange salement, ne pouvant s’empêcher de laisser des miettes à la commissure des lèvres.
Par un procédé atypique, les scènes absurdes issues de l’imaginaire d’Hubert nous apparaissent en quelques secondes, puis disparaissent aussi vite. Des assiettes qui volent en éclat, une chambre à coucher mise sens dessus dessous par énervement. Voici donc où réside la beauté de ce film : dans sa mise en scène romantique et fragile, jouant des mots tapés directement sur les images, ou écrits dans un carnet, une lettre. Xavier Dolan n’a pas simplement souhaité mettre en lumière sa vie, son passé… il raconte ses peurs, sa perte d’identité, sa fragilité, son homosexualité affichée à l’extérieur mais cachée dans son foyer.
Le réalisateur varie les plans et les effets. Entre de longs dialogues de l’adolescent avec sa mère et des scènes intimes entre les deux amoureux, les spectateurs sont témoins de confessions à une caméra, en noir et blanc. Un bémol a cette façon de procéder : le passage sous silence de certains sujets préoccupants, filmés rapidement et sans trop de conséquences sur l’histoire. Par exemple, les coups de camarades homophobes, la mère libertine de son petit-ami, la difficulté pour une femme divorcée de rencontrer quelqu’un. Au cœur du film, c’est un matricide avoué qui surgit, qui est lancé au visage des spectateurs, témoins d’un huis-clos de haine, d’amour nostalgique, de souffrance et de non-dits. Hubert, ou Xavier Dolan – qui sait – permet de comprendre cet état particulier nommé « adolescence », souvent vécu comme un passage difficile d’apprentissage de soi et des autres. Sans doute inspiré par des réalisateurs comme Gus Van Sant, le jeune québécois arrive à nous toucher, nous émouvoir par un scénario original. Tout droit sorti d’un roman, ce jeune adolescent artiste, bohème, sensible, nous promène dans sa vie ténébreuse et conflictuelle. Rien de mieux pour attiser le désir et en parler autour de soi !