Cinq films de la saga de l’Homme Invisible disponibles chez Elephant.

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Tout l’art d’Universal pour donner corps au personnage né de la plume d’ H.G Wells.

Suite au succès de L’homme invisible (1933), chef d’œuvre de James Whale, suivront cinq films construits au tour du mythe crée par H. G Wells.  Au qualificatif de suite, terme trompeur puisque les récits ne possèdent que peu ou pas de liens entre eux, Damien Aubrel -auteur du petit livret qui accompagne les DVD/ Blu Ray- substitut la très belle formule de Comité invisible d’Hollywood pour qualifier l’univers développé jusqu’au début des années cinquante par Universal. Dans sa collection Cinéma Monster Club, Elephant nous offre l’occasion de découvrir les cinq enfants – le plus souvent méconnus- du classique de James Whale.

Renouveler la formule

Le Fantastique, bien plus encore que les autres genres, doit son efficacité à ses scénarios. Dans les années quarante, si le public est nombreux dans les salles, sa fidélité se gagne par l’originalité des programmes. À l’instar des savants fous qui n’ont de cessent de se triturer les méninges pour produire l’Homme Invisible, les Studios Universal emploient la même énergie pour donner vie à de nouvelles créatures. Le succès de La maison de l’Horreur repose autant sur sa forme que sur sa formule. Ses équipes de scénaristes, dans lesquelles figure à trois reprises Curt Siodmak, aussi brillant devant une page blanche que son frère  Robert le fut derrière une caméra, ont composé des partitions  trépidantes et singulières pour donner de la chair aux différentes créatures transparentes des cinq opus.

Autre clé du succès du Fantastique, sa porosité savamment entretenue avec des références plus nobles. Ainsi, Le retour de l’homme invisible (Joe May, 1940), se déploie dans une esthétique néo-expressionniste chère à Universal. Empruntant à l’expressionnisme allemand ses ombres et ses clairs obscurs pour traduire une menace létale qui dépasse largement le spectre de la créature traquée. L’agent invisible contre la gestapo (Edwin L. Marin, 1942) s’inscrit plus ostensiblement dans ce registre pour dénoncer la menace Nazie et faire œuvre de propagande pour le pays de l’Oncle Sam. La présence de Peter Lorre dans un personnage presque aussi inquiétant que son M Le maudit (Fritz Lang, 1931) n’est forcément  pas anodine.

Le Gothique étant également un domaine Universalien, il s’exprime magnifiquement dans Le retour de l’homme invisible (scène inaugurale proche de l’esthétique de Dracula), et de façon plus glaçante dans La vengeance de l’homme invisible (Ford Beebe, 1944).

La virevoltante Kitty (Virginia Bruce) trouve dans son invisibilité la force pour ressembler aux héroïnes sans tabous et sans craintes chères aux comédies de Capra ou de Hawks. La femme invisible (A. Edward Sutherland, 1940) comme une cousine germaine de La dame du Vendredi (Howard Hawks, 1940).

Depuis l’apparition du Fantastique sur les écrans -dès les premiers temps du muet-, l’humour est le plus souvent invité. Aucune des cinq aventures n’échappe à la règle. Moments de répits salutaires, et, surtout, un moyen de rendre crédible une histoire pourtant peu vraisemblable, par les réactions incrédules et burlesques des victimes de la créature. La palme revenant bien évidemment au film réunissant Abbott et Costello dans la peau de « brillants » détectives  dans Deux nigauds contre l’Homme invisible(Charles Lamont,, 1951), où Lou Costello se paye même le luxe d’être la terreur des rings, Louis la Bedaine.

Sibyllines créatures

L’invisibilité, un don redoutable. Dernier recours pour les hommes accusés à tord de meurtre dans Le retour de l’homme invisible et Deux Nigauds contre l’homme invisible. Une arme de guerre pour éviter l’expansion du régime nazi dans  Lagent invisible contre la Gestapo. De bonne guerre, pour une Kitty cherchant à s’imposer dans une société machiste dans La Femme invisible. Autant de démonstrations du droit accordé aux citoyens américains de se poser en redresseur de torts. Si les deux comédies ne s’embarrassent pas d’interrogations ontologiques, le doute s’installe dans les autres récits. Nombreuses sont les occasions de profiter de cette situation de force pour effrayer inutilement son petit monde, assouvir ses penchants voyeuristes… La frontière entre le Bien et le Mal est ténue. Pourtant justifié, le désir de réparation de Robert Griffin  dans La vengeance de l’homme invisible tourne à la folie destructrice.

D’une façon plus large, au travers le ton grave et sardonique adoptés par ses « surhommes » c’est la voix du Diable qui se fait entendre. Savants fous ou génies sous-estimés par leurs pairs, les démiurges dépassés par leur créature incarnent le pouvoir maléfique de la Science. Mais si les piliers de « la bonne société » sont consciencieusement ébranlés, la morale finit revient dans le galop final. La nature reprend sa place, comme  l’ annonce le final de l’œuvre matricielle de James Whale.

Enjeux des effets spéciaux : rendre visible l’invisible tout autant que son contraire. Objets en lévitation, empreintes sans pieds, personnages percutés par du vide… de nombreuses ficelles sont convoquées pour relever les défis. Si certains fils ne sont pas toujours masqués totalement et des bouts de visages encore perceptibles, la naïveté des effets spéciaux possèdent toujours un charme fou. D’autant plus qu’ils sont le plus souvent au service de l’humour – La partie de fléchettes dans La vengeance de l’homme invisible vaut tout particulièrement le détour. Un plaisir qui vient s’ajouter à la nécessité de revenir aux bases du cinéma fantastique et de son studio hollywoodien le plus fertile et inventif, Universal.

 

Cinq titres en DVD  ou combo DVD/ Blu-Ray chez Elephant (Cinema Monster Club)

-Le retour de l’homme invisible

-La femme invisible.

-L’agent invisible contre la Gestapo.

-La vengeance de l’homme invisible

-Deux nigauds conte l’homme invisible

 

 

 

 

 

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