Chambre 212

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Le couple vu comme dans un décor de cinéma.

Le très prolifique réalisateur Christophe Honoré revient à Cannes avec un nouveau film, ce coup-ci dans la sélection d’Un certain regard. Encore une fois, il est interdit de raconter le film au risque de lui enlever toute magie. Filmé entièrement dans la rue Delambre à Paris (XIVe) et en décors, Chambre 212 est un film fantaisiste qui illustre bien l’imaginaire de l’auteur, qui nous a habitués à des films un peu mélancoliques, illustrés par des chansons, sur le temps qui passe et les amours qui meurent ou demeurent. Il y a un peu de tout cela dans Chambre 212 et, même si le sujet est quand même toujours aussi grave, il est traité de façon plus légère et enlevé que dans le précédent Plaire, aimer et courir vite en sélection officielle l’année dernière et qui se voulait plus mélodramatique qu’autobiographique. On y retrouve Chiara Mastroianni magnifique et qui ne cesse de progresser, et à laquelle Christophe Honoré déclare lui-même avoir voulu revenir après Les chansons damour (2007) et Lhomme au bain (2010), mais aussi le toujours impeccable Vincent Lacoste qui avait endossé le rôle d’un jeune amant homosexuel dans Plaire, aimer et courir vite, mais aussi Vincent Biolay toujours aussi crédible dans le rôle d’un homme qui n’a plus de place pour l’amour et le désir.

 

 

Décoder le Code civil

On laissera au spectateur le plaisir de découvrir le sens du titre du film, même si la plupart des critiques s’emploient maintenant à dévoiler toute l’intrigue presque du début à la fin, mais on peut vouloir le mettre sur la piste en expliquant que cette chambre porte en fait le numéro de l’article de loi du Code civil qui déclare que « les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance ». C’est souvent, et pas seulement au cinéma, une loi bien peu suivie de près par les principaux intéressés, mais il faut bien tenter de structurer la société. Dans ces aller et retour entre passé et présent, qui peuvent paraître au début intrigants, on peut aussi perdre un peu patience ou connaissance, mais l’intrigue importe peu. Ce qui intéresse Christophe Honoré, c’est d’avoir pu transformer l’appartement conjugal en petit théâtre qu’on observerait, comme ça, mine de rien, de la fenêtre de l’hôtel d’en face, rappelant ainsi un peu le cinéma de Sacha Guitry qui aimait aussi beaucoup les dialogues enlevés, foisonnant ici.

 

 

La rue Delambre, à Montparnasse

De plus, le choix de la rue pour qui la connaît permet de mettre en scène justement un cinéma qui donne dans un passage, un hôtel du nom de Lenox comme Annie et le bar cosy, Rosebud, qui sert aussi de décor à un moment du film. Une référence bien sûr revendiquée par Christophe Honoré, comme s’il faisait ici l’aveu de l’enfance et de la jeunesse oubliées à jamais, aveu déjà entamé dans Plaire, aimer et courir vite, par la référence à ces mots d’enfance de Citizen Kane dans le film éponyme d’Orson Welles. Plein de mélancolie, mais aussi d’humour ne serait-ce que dans l’apparition de Camille Cottin dans le rôle d’une fofolle professeur de piano, Chambre 212 se présente aussi comme un bel hommage à la comédie du remariage chère au cinéma américain des années 50 et 60.

 

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Durée : 87 mn


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