« L’humour, c’est mon antidépresseur »
A l’origine du film, une histoire de famille totalement atypique. Mike Mills voit dès son enfance ses parents s’aimer, mais « à leur manière ». Puis, la mère du réalisateur décède et son père fait, à 75 ans, son coming-out, ayant toujours préféré les hommes aux femmes sans pour autant avoir trompé son épouse. Dans l’esprit de Mike Mills, un électrochoc se produit, perturbant son attachement aux choses, aux gens, à l’Histoire. Beginners n’est pas totalement sa vie mais avant tout une interprétation de ce qu’il a vécu, une touche d’humour et de fiction en plus.
Le film est didactique, parle de et met en images la mort, la maladie, l’amour. Deux histoires se racontent en parallèle, en connexion. D’un côté, Oliver, interprété par Ewan McGregor, doit faire face à la seconde vie de son père, qui tombe amoureux d’un jeune homme et subit une grave maladie. De l’autre, il apprend à aimer lui-même, à faire confiance et éprouver des sentiments pour Anna, jouée par Mélanie Laurent.
Avec une construction chronologique mélangeant photographies, extraits de films, dessins, Mills aborde des sujets graves avec une certaine légèreté. Pour évoquer le cancer, le réalisateur choisit de montrer un hôpital où se retrouve un père avec son fils pour des moments de lecture, mais aussi un groupe d’amis homosexuels qui viennent soutenir leur ami. Certaines émotions se dégagent de l’histoire racontée : du courage de la part du vieil homme malade, de la tendresse de la part du fils qui voit petit à petit son père mourir mais finalement vivre une seconde existence, répondant au proverbe « Mieux vaut tard que jamais ».
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Au-delà du scenario, le réalisateur montre sa capacité à transformer un long-métrage en hommage à l’Art dans sa généralité. Il use des mots, des idées, des concepts, du crayon pour poser ses idées et ses expressions sur les murs et sur papier. On prend un malin plaisir à suivre les aventures d’Oliver dans les rues de Los Angeles ou de New-York, où se dresse le portrait d’un homme auquel il devient possible de s’identifier, de s’attacher, tout en gardant un regard sur l’histoire racontée et les sujets graves évoqués (la maladie, le rapport entre parents et enfants, l’amour déchu).
Interview de Mike Mills dans le Laboratoire de cette semaine.