Bacurau

Article écrit par

Déception cannoise.

Kleber Mendonça Filho s’est fait connaître au public international avec deux films fort remarqués, Les Bruits de Recife en 2012 et Aquarius en 2016 et il n’est que de constater la standing ovation à la fin de la projection de son film à Cannes pour deviner la suite de sa carrière. Ce film brésilien, entre fiction et documentaire, est coréalisé avec Juliano Dornelles qui réalisa un film un peu moins connu en 2011, Mens Sana in Corpore Sano. Leur dernier film, Bacurau, bien trop long et bien trop lent, met des heures à démarrer de manière fort poussive enchaînant des séquences humoristiques, trash et tendance sur fond d’écologie et de divers fantasmes comme le travestissement qui traînent dans la plupart des films actuels qui veulent un peu épater les bourgeois. Quelques plans, malgré leur étirement dans le temps et l’espace grâce, entre autres à l’objectif anamorphique, étonnent mais ne dérangent pas sauf que le spectateur, un peu perdu, voire agacé, passe plus de temps à comprendre le sens de ce film foutraque qu’à voir des images et à apprécier une histoire.

 

 

Finalement, lorsqu’on a compris que Bacurau qui louche vers Tarantino pour l’hémoglobine et Bunuel parfois pour la description d’un village de manière quasi surréaliste, n’est qu’une métaphore de la situation politique et sociale au Brésil, on est en droit d’être quand même déçu car le malheur qui guette notre monde sur le plan écologique et sur le plan culturel mériterait sans doute un peu plus de sérieux dans son traitement. S’il est vrai qu’on peut rire de tout, il faut quand même que cela soit fait de manière fort intelligente et subtile, il n’en est rien tant on a l’impression que les réalisateurs avancent avec leurs gros sabots, puis piétinent sans trop savoir où aller. Car, en effet, le film pèche aussi un peu par son scénario, lui aussi écrit, ainsi que les dialogues, par le tandem de réalisateurs. C’est en fait un film plein de bonnes intentions, mais tellement maladroit dans ses dialogues, et quelque peu indigeste par les situations, qu’il représente tout ce qui est une vraie fausse idée, un peu l’archétype du film pensé pour Cannes avec un pointe d’érotisme, une toute petite dose d’humour, beaucoup d’engagement mais peu d’idées en fait. Du coup, ce ne serait pas si étonnant qu’il obtienne facilement un prix puisque, comme une mauvaise recette de cuisine, il a tout pour vous filer une indigestion. En revanche, ne comptez pas sur l’auteur de ces lignes pour vous le divulgâcher, de bonnes âmes s’en chargeront sans doute.

Réalisateur : ,

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Pays :

Durée : 132 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Journal intime

Journal intime

Adapté librement du roman de Vasco Pratolini, « Cronaca familiare » (chronique familiale), « Journal intime » est considéré à juste titre par la critique comme le chef d’œuvre superlatif de Zurlini. Par une purge émotionnelle, le cinéaste par excellence du sentiment rentré décante une relation fraternelle et en crève l’abcès mortifère.

Été violent

Été violent

« Eté violent » est le fruit d’une maturité filmique. Affublé d’une réputation de cinéaste difficilement malléable, Zurlini traverse des périodes tempétueuses où son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Cet été
violent est le produit d’un hiatus de trois ans. Le film traite d’une année-charnière qui voit la chute du fascisme tandis que les bouleversements socio-politiques qui s’ensuivent dans la péninsule transalpine condensent une imagerie qui fait sa richesse.

Le Désert des tartares

Le Désert des tartares

Antithèse du drame épique dans son refus du spectaculaire, « Le désert des Tartares » apparaît comme une œuvre à combustion lente, chant du cygne de Valerio Zurlini dans son adaptation du roman éponyme de Dino Buzzati. Mélodrame de l’étiquette militaire, le film offre un écrin visuel grandiose à la lancinante déshumanisation qui s’y joue ; donnant corps à l’abstraction surréaliste de Buzzati.