Certains réalisateurs parviennent, par leur seul talent de metteur en scène, à entourer leur film d’une certaine aura dont les effets se font ressentir au fur et à mesure que le spectateur oublie l’histoire principale au profit des personnages. Bagdad café de Percy Adlon est à ce titre un très bon exemple : le type de film dont on loue prioritairement les qualités techniques, la profondeur psychologique des personnages, la relation qui les unit…
Tout cela résume assez bien l’impression générale qui se dégage de Avant l’aube : presque aucune innovation scénaristique à déclarer mais un travail intéressant mené autour des personnages (avec en tête d’affiche un Jean-Pierre Bacri fidèle à lui-même et un très convaincant Vincent Rottiers).
La mise en scène efficace et maîtrisée de Raphaël Jacoulot permet ainsi de suivre avec intérêt les différentes évolutions psychologiques des principaux protagonistes.
Mais un élément dans ce film attire surtout l’attention d’une manière moins condescendante : le personnage de Sylvie Testud. Plus particulièrement la façon dont les traits caractéristiques de son personnage sont « forcés ». A l’image de son allure et son comportement désinvolte (un ensemble vestimentaire aux couleurs de l’arc en ciel, une façon trop « mémère » de parler à son chien, de glisser et tomber grossièrement par terre en éparpillant ses dossiers…), à quoi il faut ajouter une manière, peu commune pour un inspecteur, de mener son enquête avec si peu de rigueur et d’organisation (pas de stylo pour prendre des notes…).
Etait-il vraiment nécessaire d’ajouter de tels signes distinctifs, si pittoresques soient-ils, pour convenir au spectateur et lui rappeler que l’on est bien dans un film « français » ?