Bien sûr, nous ne dévoilerons rien de l’histoire car il est nécessaire de la regarder jusqu’au bout pour se sentir libre de mieux aimer le film qui peut paraître tout du long agaçant à force d’inventions, de naïveté et de militantisme maladroit. Ariane, seule dans sa belle maison de Marseille, se retrouve seule le jour de son anniversaire. Elle va alors, Alice marseillaise, partir à la découverte d’un monde, celui de la ville. Voilà pour le sujet du film. Cette promenade se situe entre la carte postale et le cliché (ce qui semble parfois pléonastique) et c’est dans cette balade que l’on va retrouver tous les talents d’Ariane Ascaride qui aimerait ressembler un peu à Giulietta Masina ou à Judy Garland. Tout le film est d’ailleurs malheureusement assez lourdingue parce qu’il ploie sous le poids des références, tant et si bien que le cinéma citationnel de Woody Allen paraît, en comparaison, assez léger et digeste. En effet, et ce sera sans doute le jeu social de l’été : amusez-vous à retrouver les références se cachant dans le film comme dans une devinette de Pif Gadget. Jean Ferrat, pas la peine de le chercher, il est partout : en chansons intégrales (quatre), en poster, en citations, et cætera. Mais Pasolini, Fellini, Brecht, Godard, Prévert, Carné, Bob Fosse, Tchekhov, Aragon, Jean-Paul Sartre, où sont-ils et pourquoi ? Ce n’est plus un film, c’est le dictionnaire amoureux de la culture, même si l’ensemble aurait pu paraître très plaisant s’il n’était pas aussi chargé. Certains esprits chagrins regretteront de ne pas y retrouver le Renoir de Toni (1935) à L’Estaque, ou La Tempête (1611) de Shakespeare. Le tout accompagné par les mimiques souvent outrées d’Ariane, des acteurs pas toujours au top et les soliloques d’une tortue à la voix de Judith Magre. Un beau pot-pourri pour l’été qui sans cela paraîtrait bien monotone.
Au fil d’Ariane
Article écrit par Jean-Max Méjean
Le nouveau film de Robert Guédiguian avait tout pour être séduisant, à commencer par la mer et le soleil de Marseille. Un je-ne-sais-quoi le rend hélas agaçant.