Depuis son enfance, Kelly (Clu Gulager) est toujours hantée par le même cauchemar mettant en scène ses parents brulant vif un mystérieux intrus. À présent qu’elle vient d’intégrer l’université, elle se rapproche d’un jeune doctorant en parapsychologie spécialisé dans l’analyse du sommeil. À quelques kilomètres de là, un petit groupe de patients vient de s’échapper d’un sanatorium, aidé par un tueur sanglant à l’arme blanche qui va ensuite poursuivre son œuvre destructrice. Vœux Sanglants arrive au mitant d’une décennie où les Slashers et autres fléaux meurtriers ont fait florès dans un cinéma d’horreur qui se réjouit de pouvoir charcuter ses victimes en série, sans aucun état d’âme. En bons petits Copycat Larry Stewart et Peter Crane – qui s’orientèrent ensuite vers le petit écran – affichent clairement leurs références. À la tombée du jour, à la lueur d’une lampe de chevet, en caméra subjective, la présence sans visage épiant par la fenêtre des jeunes étudiantes en train de se coiffer singe Michael Myers (Halloween, la nuit des masques, John Carpenter, 1978). L’inconscience et la cruauté d’un groupe d’étudiants en manque de sensations fortes comme foyer idéal pour un joyeux jeu de massacres : Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980) et ses suites sont déjà passés par là – Clin d’œil de Stewart et Crane, un de leurs sanglants personnages se prénomme Jason. Mais, en termes de modèle, les deux artificiers de Vœux Sanglants visent plus haut en tentant d’imiter Brian De Palma; les scènes de douche lorgnant du côté de Carrie au bal du Diable (1977), et d’une façon plus large, de par l’intégration du thème du double dans leur scénario. Habilement agencées, les péripéties et les références suffisent déjà à remplir le cahier des charges d’un Pop-Corn Movie à consommer un samedi soir entre amis.
Côté frissons, rien de sensationnel, car le danger est annoncé le plus souvent par une musique lancinante ou par indice facilement déchiffrable. Mais on ne peut qu’apprécier la variété de l’arsenal meurtrier. L’imagination déployée fait plaisir à voir, après avoir fait des ravages avec une griffe de jardinier, le tueur se débrouillera aussi bien avec un sabre, un couteau, un arc…tout est bon pour saigner ses cibles sans défense. Ainsi, le véritable festival d’hémoglobine de la longue et dernière partie du film est proprement jouissif, les deux réalisateurs lâchent les chevaux, apparemment débarrassés de leur devoir de référence. Même si le choix d’un centre commercial peut rappeler Zombie (George A. Romero, 1978) à certains d’entre nous. En matière de sexe, c’est encore plus débridé; les jeunes filles ne se font pas prier pour exhiber leur anatomie, les garçons n’ont pas leur langue dans leur poche, et on se retrouve gentiment conviés à la soirée des désirs refoulés. Stewart et Crane sont de véritables petits galopins qui n’ont pas honte de se lancer dans une séquence métaphorique lourde de sens lors d’une scène de coït. Les ébats filmés pudiquement sont entrecoupés par des plans sur l’immense sculpture verticale qui trône au milieu du centre commercial, tandis qu’à quelques encablures de là, les gémissements d’une victime du tueur rappellent bruyamment celle des deux amants. La jolie Kelly a beau se nommer Fairchild, son rêve n’est pas de rencontrer un candide prince charmant. Ce second degré quasi permanent ajoute une touche de légèreté des plus appréciables. Et pour boucler la boucle, n’oublions pas le plaisir de retrouver Vera Miles, l’une des deux héroïnes du premier Slasher du septième art : Psychose ( Alfred Hitchcock, 1960).
Voeux sanglants est disponible en Digipack Blu-ray collector chez Extra Lucid Films.