Une part d’ombre

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Thriller psychologique ou drame familial. Le film n’arrive pas à faire un choix.

David, mari aimant et père attentionné, est interrogé par la police à propos d’un meurtre survenu il y a quelques jours alors qu’il était en vacances avec ses amis. Il va en fait être rapidement soupçonné, et tandis que sa vie se retrouve exposée au grand jour, ses proches vont se retourner contre lui.

Sortir d’une zone d’ombre

L’intrigue peut aisément rappeler La Chasse de Thomas Vinterberg (2012), où Mads Mikkelsen était accusé de pédophilie avant de se faire rejeter par tous les habitants de sa ville. Mais là ou le film de Vinterberg expose dès le début au spectateur l’innocence de son personnage, permettant de se concentrer sur l’explosion d’un microcosme social, Une part d’ombre joue la carte du thriller et laisse le doute planer jusqu’à une révélation finale. Ce choix scénaristique aurait pu fonctionner notamment grâce à la performance très juste de Fabrizio Rongione, mais le retournement de situation peine à convaincre. L’on ne sait plus si le film nous raconte alors une enquête policière, un drame social, ou la fin d’un couple. Et à trop mélanger les genres, cet enchevêtrement de situations rend le film beaucoup trop superficiel pour que l’on ait le temps de s’attacher aux personnages ou de simplement se laisser prendre par l’intrigue.

 

 

L’histoire ne parvient pas non plus à cultiver le mystère autour de la présomption d’innocence du héros, elle s’embourbe dans ses trames narratives en y incorporant une infidélité, alors que l’intérêt du film vient dans l’ambiguïté de David et sa capacité ou non à commettre un meurtre. Surviendrait alors une terreur du quotidien, même le plus simple des pères de famille pourrait être un assassin, une question qui aurait du rester sans réponse pour réellement impliquer le spectateur. On a plutôt l’impression de voir une version française des Experts avec le peu d’enjeux qui en découle. Cette impression de voir un épisode de série n’est pas aidée par une mise en scène peu inspirée, montrant bien plus qu’elle ne créée, elle ne prend part ni au jeu de dissimulation du héros, ni à la mort de ce banal quotidien qui nous est montré au tout début. Dans ses envolées, le film parvient à faire ressentir la destruction de cette paisible normalité, mais il s’agit la de l’affaire de quelques scènes isolés, pas assez pour en faire un film intriguant ou réussi.

Titre original : Une part d'ombre

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