Un monde violent

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Un long-métrage difficile à monter mais très prometteur.

Sorti de la Fémis

Double diplômé de la Fémis, en écriture de scénario et en développement de séries pour la télévision, Maxime Caperan s’est fait connaître avec deux courts-métrages, Les Guerriers, avec Kacey Mottet-Klein et Constantin Vidal, présenté au Festival International du Film de Brest, et Pornstar, qu’il co-réalise avec son co-scénariste Thomas Finkielkraut, pour Arte. Dans le cadre aussi de son activité documentaire, il a créé et mis en place les Ateliers du Regard, ateliers d’initiation et d’éveil pour des lycéens de Bamako. Un monde violent, projet difficile à monter, est donc son premier long-métrage de fiction et il y fait preuve d’un sens certain de la mise en scène même si le thème, dans le style polar, est quand même assez éculé mais il est vrai que, de nos jours, il est assez difficile d’être innovant. 

Une relation fraternelle forte

Le film met en scène la violence actuelle de notre société, souvent liée au lucre et à la rivalité, et n’épargne rien au spectateur. Deux frères, dont un sorti récemment de prison, commettent un hold-up avec la complicité d’une femme éprise, qu’on découvrira plus tard lésée et manipulée par l’aîné des deux. Le titre, on ne sait pourquoi, fait un peu penser au chef-d’oeuvre de Clint Eastwood, Un monde parfait (1993), surtout pour les images de la fin qui se basent sur le principe de rédemption : le grand frère préférant se faire arrêter par la police – et sans doute condamner – pour sauver son petit frère blessé. 

A la manière de Melville

Malgré quelques facilités, Un monde violent se pose comme un beau film qui laisse augurer une belle carrière au réalisateur qui a un réel sens aussi du casting : les personnages interprétés par Kacey Mottet Klein, Félix Maritaud, Olivia Côte et Bonnie Duvauchelle sont souvent criants de vérité et parviennent parfaitement à faire ressentir le désespoir des laissés pour compte de notre monde contemporain gavé de consommation… Il en va de même pour la lumière crépusculaire due à Eva Sehet, qui avait déjà signé la photo des courts-métrages du réalisateur, et la musique de Gaspard Claus ajoute au suspense d’un thriller qui se laisse voir et propose, non une nouvelle interprétation du genre, mais la continuation du travail d’un Jean-Pierre Melville par exemple et la nouvelle génération semble prête ou presque à remplacer les Gabin, Delon ou Bourvil, rêvons un peu Folleville. 

Travail du scénario

Ce scénario co-écrit avec Thomas Finkielkraut fait en effet la part belle à la description de la violence dans le monde, qui passe ici par un hold-up qui tourne mal, mais pas seulement. À lire l’entretien dans le dossier de presse du film, on constate que le réalisateur va plus loin. « C’est le pari qu’on a fait avec Thomas, donner l’impression d’un film assez simple avec une intrigue qu’on pourrait résumer en une phrase : deux frères qui tuent quelqu’un et vont devoir en assumer la culpabilité, source de division entre eux. Tout en essayant de raconter énormément de choses en sous-texte. Il fallait à la fois maintenir une tension qui va croissante et se laisser des espaces où déployer nos thématiques. Trouver l’équilibre a ressemblé à la construction d’un château de cartes où, à chaque instant, un simple petit élément pouvait tout faire s’écrouler. »

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Durée : 85 mn


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