Insatisfaite du travail de Dean (Kurt Russel), le menuisier qu’elle a embauché, Joanna Stayton (Goldie Hawn), milliardaire capricieuse, le renvoie. Peu de temps après elle chute en mer et perd la mémoire. Splendide occasion pour l’artisan humilié de lui rendre la monnaie de sa pièce en lui faisant croire qu’elle est son épouse, totalement dévouée à la gestion de son foyer et de leurs quatre garnements. Quand on évoque le nom de Garry Marshall, deux titres reviennent spontanément en mémoire, la bluette sentimentale en format choral, Valentine’s Day (2010), et la RomCom la plus saluée par les spectateurs des années quatre-vingt-dix, Pretty Woman.

Antérieur de trois ans, Un couple à la mer lui est bien supérieur sur bien des points. A la base, le schéma du conte de fées, indémodable et porteur d’infinies situations rocambolesque : la transformation. Effet miroir inversé ici inversé, la Princesse devient une simple gueuse. Occasion en or, pour Goldie Hawn de faire briller les deux faces opposées. La richissime parvenue, hautaine et capricieuse. Et la femme naïve, amnésique, qui devient progressivement attachante et attentionnée. Goldie Hawn n ‘a jamais eu peur de pousser les curseurs de l’outrance dans son jeu pour que sa persona d’ enquiquineuse soit le plus insupportable des boulets, atteignant probablement dans Fais comme chez toi (Frank OZ 1992) le plus haut degré sur l’échelle de Richter. On n’irait presque jusqu’à dire qu’ici, son double rôle (Joanna/ Annie) est conjugué avec sobriété. Ménageant ses effets : limitant son registre facial, ses éclats de voix, Goldie Hawn ne perd rien de la pétulance qui fait son charme, tout en gagnant en émotions. Ainsi, face à elle, Kurt Russel qui aurait pu n’être que l’antithèse non comique du couple, se lâche avec une jubilation non contenue.
Si l’ossature du scénario est forcément guidée par le postulat de départ, les péripéties, à défaut de surprendre, font mouche dans la plus part des cas. Et surtout, le rythme n’est pas boostée superficiellement une bande originale truffée de tubes, ni par un montage accéléré. Les dialogues n’ont pas peur d’emprunter par moment la bonne matière grasse qui fait le piquant des comédies déjantées à la Apatow (même si on en est encore loin). Ingrédient délicieusement appréciable, des seconds rôles -qui auraient pu être cependant davantage mis à contribution, excentriques à souhait : le mari obscène, et plus délirant encore, le médecin lunaire.
Un couple à la mer, un véritable bain de plaisirs, à prendre en famille, chez BQHL.




