Hall Baltimore (Val Kilmer), écrivain « has been » de romans horrifiques est de passage dans une petite ville américaine afin de promouvoir son dernier roman. Il fait la rencontre du sheriff de la ville, Bobby Lagrange (Bruce Dern), qui lui propose d’écrire un livre à partir du meurtre mystérieux d’une adolescente locale.
Suite à un accueil plutôt frileux au festival de Gérardmer (sans aucun jeu de mot…), on était en droit de douter de la pente encourageante que remontait Coppola suite à L’Homme sans âge (2007), fascinant bien qu’assez opaque par moments, et un Tetro (2009) magistral pouvant se ranger auprès de ses plus grandes œuvres et marquant le grand retour du cinéaste après une dizaine d’années d’absence. Malgré cela le résultat, bien qu’inégal et parsemé de défauts, fait preuve de nombreuses qualités, à commencer par le sujet et les ambitions mêmes du métrage : signer un film à la fois personnel et expérimental sur le temps et la création au sein d’un film de genre où les divers codes et conventions doivent être respectés. Mise en abyme sur l’écriture scénaristique et le travail de cinéaste (à l’instar de Barton Fink des frères Coen en 1991), le film pourrait presque venir clore une trilogie sur le temps et la création entamée par L’Homme sans âge et Tetro. Démarrant le film sur une succession de plans du décor où se déroule les évènements, le cinéaste fait appel à Tom Waits (déjà présent dans Dracula) en narrateur voix-off pour ouvrir le récit tel un roman de gare avant d’introduire le personnage principal interprété par Val Kilmer, parfait en écrivain raté alcoolique. On notera par ailleurs deux superbes séquences dont celle où Hall Baltimore entame l’écriture de son nouvel ouvrage devant son ordinateur ainsi que la conversation avec le personnage fantasmé de Edgar Allan Poe lui expliquant les tenants et aboutissants d’une bonne histoire lors d’un rêve. Également au casting, Elle Fanning (Super 8) dans le rôle de l’adolescente, Bruce Dern dans celui du sheriff ainsi que Ben Chaplin dans le rôle de Edgar Poe.
On retrouve au générique les collaborateurs habituels de Coppola à commencer par Mihai Malaimare Jr. à l’image et Osvaldo Golijov à la musique. Seul Walter Murch, binôme créatif de Coppola depuis plus d’une vingtaine d’années, n’est étrangement pas présent au générique, malgré un travail de montage sonore et visuel plus qu’impressionnant par moments. Au final, notre plus grand regret provient du scénario du film, assez décousu et disparate, pour ne pas évoquer un final plus que bâclé et laissant un arrière-goût d’inachevé. Cela dit, c’est le sujet même du film : la panne de l’écrivain ou, en d’autres mots, l’impuissance créative.
Certes inégal et sans doute pas à la hauteur de ses plus grands films Twixt a en tout cas le mérite de soulever des questionnements intéressants tout en nous gratifiant de plusieurs grands et beaux moments de cinéma dont Coppola a le secret. To be continued…