Maintenant que Joni a l’âge légal pour accéder à son dossier à la banque du sperme, son frère et elle décident de retrouver le donneur dont ils sont tous deux issus. Leur géniteur est rapidement séduit par les deux adolescents qui frappent à sa porte. Spontanément, ils l’invitent à dîner pour la présentation aux parents : deux mamans qui vivent ensemble depuis vingt ans. Mais l’arrivée d’un papa sexy peut causer beaucoup de dégâts…
Le titre américain fait référence à un morceau de The Who, qui évoque la difficulté pour un couple de raviver le désir érodé depuis longue date [I don’t mind other guys dancing with my girl ; That’s fine, I know them all pretty well ; But I know sometimes I must get out in the light ; Better leave her behind with the kids, they’re alright ; The kids are alright]. C’est précisément le sujet du film mais cette fois-ci la situation classique du couple pépère dont la libido se réveille avec l’arrivée d’un nouveau venu, souvent une jeune fille innocente ou un bel éphèbe, est inversée, pervertie oserait-on dire : la tranquillité des deux mamans va être mise à mal par l’arrivée d’un beau mâle bien viril.
Malheureusement, le film perd de vue son objectif de comédie fédératrice – ce nouveau genre très en vogue où tout le monde trouve à manger mais personne ne s’amuse vraiment – qui part d’une banale histoire de mœurs pour tendre à des leçons universelles. Projet noble qui n’aboutit quasiment à rien malgré une efficacité certaine à mêler dans une même scène des sentiments diffus et contradictoires. Les scènes, souvent trop longues et trop découpées, ne parviennent jamais à surprendre tant les situations engendrées sont attendues. Comme lorsque les deux ados rencontrent leur géniteur pour la première fois, il ne se produit rien de plus qu’une minuscule gêne ; quand le couple lesbien tente d’enrayer leur routine sexuelle, on sourit mais guère plus.
Bien que réalisé et interprété avec beaucoup de maîtrise – la réalisatrice arrive toujours à capter les émotions de ses excellents comédiens, Ruffalo en tête – The Kids Are All Right ressemble moins à une comédie qu’à un téléfilm du mercredi soir, avec son lot de bons sentiments et de scènes bâclées. Pour son retour au cinéma, Cholodenko se contente d’un soap familial aux personnages archétypaux : les lesbiennes sympas et cools, les enfants modèles avec le fils sportif, la fille intello-gonflante et le beau latin. Tout ceci pourrait produire un divertissement plaisant (le plaisir provenant souvent de la réitération d’un même motif dramatique) s’il n’y avait derrière ce film une intention moins louable : produire une fiction promotionnelle et consensuelle destinée à flatter et à vanter ce fameux droit à la différence – l’homoparentalité en l’occurrence. Un spot publicitaire avec quelques stars aurait suffi.