Torch Song Trilogy

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« Torch song trilogy » est le film d´une voix, l´envoûtant timbre rauque d´Harvey Firstein, qui dit, en cassure, ses errances et ses désespérances. Portrait plein d´humour d´un travesti des seventies en proie aux amours homosexuelles et maternelles, il est surtout l´émouvant cri du coeur d´un homme, et d´une génération.

Estampillé film culte et gay, Torch song Trilogy ne doit pas rester étriqué sous ses étiquettes. Arnold (Harvey Fierstein), juif gay new-yorkais, est drag-queen la nuit et proie de l’amour le jour. Il tombe sous le charme d’un homme qui le quitte pour une femme, sa mère a de la peine à suivre et de la culpabilisation à revendre, et la tendresse de l’homme qui le console n’a malheureusement d’égal que sa témérité.

Or, si le film réussit le pari de livrer un témoignage averti sur l’homosexualité des seventies, il ne faut néanmoins pas s’arrêter à sa trame socio-culturelle. Film de la voie d’Harvey Fierstein, puisqu’il est semi-autobiographique, il emmène surtout sur les sentiers de sa voix intime, qui a, elle, tout d’universel et d’unique à la fois : l’histoire d’un homme qui cherche à vivre avec ses propres armes. Torch song Trilogy (une chanson qui brûle d’un amour sans retour), plus encore qu’une vision sociale, devient vision de la vie.

Le film, sorti en 1988, est une adaptation de la pièce off-Broadway qui était jouée dix ans plus tôt et qui fut couronnée d’un Tony Award. À nouveau à l’affiche, et distribué en DVD par Carlotta Films, il n’a pas pris trop de rides et doit notamment cette impression de jouvence à la qualité d’interprétations des comédiens : Matthew Broderick en jeune amant et Anne Bancroft en mère implacable sont époustouflants. Quant à Monsieur Fierstein, il désarme à chaque plan. Pleins d’humour, ses billets d’humeur comme ses cris du cœur ont la ferveur de l’honnêteté. Il n’en faut pas plus pour gagner, près de 30 ans plus tard, la faveur d’un nouveau public. À mi-chemin du drame, mais sans complaisance, la chanson résonne.

Titre original : Torch Song Trilogy

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Durée : 120 mn


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