Malheureusement, l’espoir s’envole dès les premiers instants. Il faut se rendre à l’évidence, on décroche très vite. Alors bon, on pourra passer outre cette volonté sans faille de sublimer le XIIIe arrondissement de Paris – la photographie irréelle déformant la réalité de ce quartier certes vivant mais somme toute assez terne -, on pourra également excuser les acteurs – ils y mettent probablement toute leur meilleure volonté -, car c’est bien l’histoire en elle-même et les personnages qui laissent beaucoup plus dubitatifs. Il y a tout d’abord ces deux frères médecins, dont le portrait est brossé de manière ridicule, avec overdose de bons sentiments. À ce niveau, ce ne sont plus des bons sentiments, ce sont des tocs… Médecins parfaits, dont les patientes tombent toutes amoureuses, ils sont adulés par le tout le quartier chinois. Mais voilà, Louise Bourgoin déboule et les chamboule. Nos deux frères tombent amoureux et troquent leur blouse pour un coup de blues. Sérénade à trois et règlement de comptes, c’est le drame, le gros mélodrame même quand l’ancien compagnon de Louise Bourgoin entre en scène. Cette dernière incarne une femme un peu paumée mais courageuse, qui refuse la fatalité et surtout, qu’on ait pitié d’elle. Et si certaines personnes pensent qu’elle est une mère indigne, eh bien qu’ils la laissent tranquille, elle fait comme elle peut. Elle aime sa fille, c’est le plus important. Il lui manque simplement quelqu’un qui l’aime, elle, quelqu’un qui prendra soin d’elle, car malgré son caractère épineux, elle est aussi fragile qu’un pétale de rose.
Bref, Tirez la langue, Mademoiselle affiche ses lacunes à chaque séquence ou presque. Des personnages artificiels, un récit mis sous tension de manière artificielle, des rebondissements artificiels, des émotions artificielles… « C’est grave docteur ? » Non, ça fait mal sur le moment mais ça passe vite : pas de séquelles à dose légère, mais éviter la surexposition bien entendu.