James Bond (Daniel Craig) doit faire face à une ancienne menace lorsque le passé de M (Judi Dench) la rattrape et vient la hanter. Un mystérieux terroriste, Silva (Javier Bardem), vient menacer la vie des deux personnages après avoir fait exploser les quartiers généraux du MI6.
À l’annonce du projet il y a deux ans – suite à une pléthore de problèmes juridiques avec la MGM – on s’était étonné de voir apparaître le nom de Sam Mendes à la tête de ce nouvel opus. Cinéaste surdoué et ancien metteur en scène de théâtre, l’auteur de American Beauty (1999), Les Sentiers de la perdition (2002), Jarhead (2006) et Les Noces rebelles (2009) a déclaré vouloir « signer un divertissement à grand spectacle tout en faisant un constat sur le monde dans lequel on vit ». Contrat pleinement rempli, le film étant à la fois intelligent et spectaculaire tout en injectant une forte dose d’émotion et accordant une grande place aux personnages. Il est d’ailleurs intéressant de noter que Mendes a réussi à conserver sa patte stylistique de réalisateur au sein d’une commande hollywoodienne très limitée et formatée, notamment à travers certains choix de cadres et de mise en scène mais également à travers la direction d’acteurs, particulièrement impressionnante. Ainsi, nous assistons à un collier de performances magnifiques de la part de Daniel Craig, Judi Dench, Ben Whishaw, Bérénice Marlohe – étonnamment bonne ! – et aussi surtout de la part de Javier Bardem, monstrueux en méchant fou et torturé.
Scénarisé par Robert Wade et Neal Purvis – les deux scénaristes habituels de la franchise depuis Le Monde ne suffit pas (Michael Apted, 1999) – avant d’être réécrit par John Logan (Aviator et Hugo Cabret – Martin Scorsese, 2004 et 2011 ; Rango, Gore Verbinski, 2011) on louera la qualité des dialogues ainsi que la profondeur psychologique des personnages, généralement peu présente dans les James Bond ou du moins peu creusée (Casino Royale). Ici, nous découvrons bien des choses sur le passé de M mais aussi sur le personnage principal qui prend presque par moments une aura de super-héros « nolaniesque ». Bien que Skyfall s’éloigne beaucoup de ce dont on a généralement l’habitude de voir, il conserve néanmoins tous les codes et conventions de l’univers imaginé par Ian Fleming à commencer par l’exotisme – le film se déroulant à Londres, en Ecosse, à Istanbul, à Shanghai et à Macao -, l’élégance mais également l’aspect ludique, le scénario jouant souvent la carte de l’humour. De fait, on retiendra les divers clins d’œil aux films antérieurs et ce pour notre plus grand plaisir. L’action est également au rendez-vous, le film nous gratifiant de plusieurs séquences particulièrement impressionnantes – la séquence d’ouverture à Istanbul, la scène de course-poursuite dans le metro londonien, le final – et le réalisateur retrouve ses collaborateurs habituels, à commencer par Roger Deakins – directeur photo entre autres des frères Coen – qui soigne une image sublime par un travail de cadre et de lumière exemplaire. Petite mention pour conclure au très beau générique d’ouverture sur le morceau titre de Adele, bien plus réussie que ceux des deux précédents films.
Après les grosses déceptions qu’étaient Prometheus (Ridley Scott) et The Dark Knight Rises (Christopher Nolan), Sam Mendes aura finalement su nous réconcilier avec les gros blockbusters en 2012 en signant jusque-là l’un des films les plus satisfaisants de l’année, et très certainement l’un des meilleurs James Bond de toute la série.